Alicia Kwade & les Chapman

GALERIE MENNOUR, Paris, Octobre-Novembre 2016

Alicja Kwade_galerie Mennour, Paris_10 novembre 2016

La galerie Kamel Mennour présente d’assez impressionnantes installations de Jake & Dinos Chapman et Alicja Kwade. On pénètre dans l’espace de la galerie accueillie par des membres du Ku Klux Klan, des textes inscrits dans l’espace et surmontés de corbeaux : « a nightmare that has been eating you now eat your mind », « now the world bursting with the immeasurable force of the imaginary upon quaking towers », ainsi qu’une remarquable série inspirée de Goya dont les Chapman redessinent « les désastres de la guerre » tout en les ponctuant de références nazies. L’installation envahit l’espace de la galerie et impose une vision fragmentaire et progressive au spectateur qui progresse parmi les pièces afin de décrypter les phrases éclatées dans l’espace.

La seconde salle reprend le vocabulaire nazi et s’inscrit dans la suite d’une oeuvre des Chapman perdue dans un incendie en 2004, « Hell ». Il s’agit d’une grande roue assaillie par une horde de nazis cannibales. On y retrouve des figurines à l’image de membres du Ku Klux Klan. La dernière salle, sans doute moins forte visuellement, recycle une autre oeuvre perdue dans l’incendie de 2004, oeuvre de Tracey Emin cette fois, et détourne une oeuvre de Jeff Koons. Cette pratique de « recyclage » est récurrente chez les Chapman, qu’il s’agisse d’hommage ou de pastiche. Les artistes ont une vision cyclique plus que linéaire et progressive de l’Histoire et entendent témoigner ainsi de la permanence du mal à laquelle ils opposent toutefois la puissance de leur énergie créatrice.

L’exposition consacrée à Alicja Kwade travaille le concept d’aporie, soit une contradiction sans issue. Là aussi, l’espace de la galerie est envahi, transformé par les pièces, principalement les poids d’horloges qui constituent « Durchbruch durch Schwaeche » (avancer par la faiblesse) et que collectionnent l’artiste. Le spectateur est contraint d’avancer parmi ces incarnations de la force de gravité, « force la plus faible et aussi la plus importante », les murs porteurs de cimaises étant devenus mouvants et ouverts. Plus loin, « Hypothetische gebilde » (structure hypothétique) est constituée de pièces en forme de trompettes de cuivre -matériau conducteur mais aussi alchimique- qui semblent explorer, écouter l’espace alentours tout en étant parfois empêchées par la présence de blocs de charbon. Une autre pièce bouleverse l’équilibre des forces et semble proposer un monde différent : dans « heavy weight of hindsight », un livre semble retenir au sol un énorme bloc de granit.

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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