Si les expositions temporaires recueillent l’essentiel de la lumière, impossible de mettre les pieds au British Museum sans un regard attentif sur ses collections permanentes et particulièrement les salles consacrées à l’Antiquité grecque. On songe bien entendu aux marbres d’Elgin, fragments sculptés de la frise, des frontons et métopes du Parthénon d’Athènes, que ce-dernier, ambassadeur britannique à Constantinople, fit parvenir à Londres au tout début du XIXe siècle.
Après un coup d’œil à la pierre de rosette, à l’origine du déchiffrement des hiéroglyphes et à un colossal Ramsès II, c’est tout d’abord une reconstitution du monument des Néréides qui retient l’attention, tombe lycienne du IVe siècle avant JC trouvée à Xanthos, au Sud-Ouest de la Turquie et marquée par des influences grecques (forme de temple, d’ordre ionique, du monument) et perses, et plus encore les statues de Néréides, nymphes des mers censées accompagner l’âme des défunts, avec leurs drapés mouillés d’une grande sensualité, leurs voiles gonflés et leurs corps en mouvement d’une remarquable vitalité.
S’ensuivent plusieurs salles consacrées aux fragments du Parthénon, reconstruit à la demande de Périclès par Ichtinos et Callicratès (447-438), après le ravage d’Athènes par les Perses en 480, pour accueillir une statue colossale d’Athéna de Phidias. Le temple, dorique à l’extérieur, se voit alors adjoint un ordre ionique interne, ce qui permet le déploiement d’un important programme décoratif apologétique d’Athènes, lequel témoigne du passage de la sculpture grecque du style sévère au classicisme le plus pur puis à un certain maniérisme. Aux frontons sont représentés deux mythes fondateurs. A l’Ouest la dispute entre Poséidon (flanqué d’Amphitrite et Iris) et Athéna (accompagnée probablement de Nike et Hermès) pour l’Attique, à l’Est la naissance d’Athéna. Les frises sont consacrées aux Panathénées, fête en l’honneur d’Athéna (frise ionique, procession rythmée accueillie par l’assemblée des dieux) et à des combats mythiques incarnant la lutte de la civilisation contre la barbarie (gigantomachie, centauromachie, amazonomachie, iliopersis, frise dorique) parfois dépeints en très haut relief et d’une grande austérité (visages de profils, traits épurés, impassibles, réalisme des corps, mouvements mesurés). L’adaptation du décor sculpté à l’architecture est tout à fait admirable, les drapés, très travaillés, les anatomies, puissantes, tout en tension et harmonie.
Le musée conserve également des fragments d’autres temples de l’Acropole d’Athènes : caryatide de l’Erechtheion (vers 409 av JC), frises du temple d’Athéna Nike (425-400 av JC). Le IVe siècle grec, caractérisé par un certain maniérisme, une outrance croissante des expressions et des gestes (compositions souvent fondées sur une oblique) est également représenté dans les collections, particulièrement par les frises de centauromachie et amazonomachie du Mausolée d’Halicarnasse, tombeau du satrape perse Mausole, réalisé par Pytheos et Satyros et dont les sculptures seraient l’œuvre de Leochares, Bryaxis, Scopas de Priène et Timothéos, ainsi que par un fragment du temple d’Artémis à Ephèse. A noter par ailleurs de riches collections de céramiques peintes.
Enfin, Le British Museum conserve une importante collection d’art islamique dont quelques rares fragments de peintures murales et décor sculpté de Samarra (Irak, IXe siècle, capitale abbasside), de remarquables exemples de céramiques en lustre métallique, pièces orfévrées, céramique ottomane d’Iznik…