Au siècle de Rembrandt…

FONDATION CUSTODIA, Paris, Février-Mai 2017

Pieter Saenredam, le choeur de l’église st Bavon à Haarlem, 1636_Du dessin au tableau_fondation Custodia_15 avril 2017

La fondation Custodia consacre une exposition de qualité et plutôt érudite au thème « du dessin au tableau au siècle de Rembrandt ». C’est l’occasion incomparable de contempler des dessins plus ou moins préparatoires (certains artistes travaillent avec des recueils de modèles qu’ils réemploient dans différentes œuvres peintes sans que tel dessin renvoie à telle toile, d’autres conservent des ricordi dessinés de leurs toiles) aux toiles qui en résultèrent. Une façon de mieux appréhender le processus créatif de l’époque.

Pieter Molijn, paysage avec une barrière ouverte, 1630

Si les sujets les plus divers se trouvent réunis dans ce parcours : scènes religieuses, scènes de genre, portraits, marines etc., certains rapprochements se révèlent tout à fait remarquables. J’ai ainsi retenu le paysage de Pieter Molijn, « paysage avec une barrière ouverte », de Washington, confronté à un dessin à la pierre noire de l’artiste, « chemin de campagne à travers champs ». Molijn, novateur dans la peinture de paysage hollandais par la sobriété de sa palette et une certaine épure, s’efforce de préserver une certaine spontanéité, un tracé enlevé, du dessin à la toile même si celle-ci est travaillée en atelier.

Bloemaert, étude d’arbres

Une remarquable « étude d’arbres » (Metropolitan) d’Abraham Bloemaert, réutilisée dans un « repos pendant la fuite en Egypte » (Ermitage) même si alors les arbres dénudés dans le dessin sont habillés de feuillages. L’étonnante « scène hivernale à l’extérieur des murs de Kampen » d’Avercamp (collection particulière), rapprochée de plusieurs dessins (dont le « jeune élégant patinant » de la Royal collection) souvent réalisés sur le vif, puis repris à la plume voire à l’aquarelle à l’atelier et constituant un répertoire de modèles recomposés ensuite dans ses toiles.

Breenbergh, Vénus pleurant Adonis

Auteur de paysages italianisants, Bartholomeus Breenbergh est admirablement représenté dans l’exposition par les rapprochements de la « vue de la piazza del Popolo à Rome » (pinceau et encre brune) et de l’huile sur cuivre « le prophète Elie et la veuve de Sarepta dans un paysage : la porta del Popolo se retrouve aussi bien dans le dessin que dans la peinture religieuse ; ainsi que par son admirable fusain huilé et rehaussé de craie blanche « nu masculin allongé » repris dans la toile « Vénus pleurant Adonis » : le fusain à l’huile permet à l’artiste d’obtenir des noirs plus denses que la pierre noire et d’accentuer ainsi le modelé.

Dans le champ du portrait, j’ai relevé l’intéressant parallèle entre la toile et son dessin préparatoire « l’alchimiste » de Cornelis Bega, ou encore le surprenant portrait inachevé attribué à Gonzales Coques, sans doute marqué par Van Dyck. L’huile dépeignant « le chœur de l’église saint Bavon à Haarlem » de Pieter Jansz Saenredam voisine avec bonheur avec le dessin à la plume et encre « l’Eglise st Bavon à Haarlem, vue du chœur », toutes deux de 1636. Ces deux œuvres témoignent du processus créatif de l’artiste qui débutait généralement son travail par des études préparatoires faites sur le motif, poursuivait par des dessins de construction tracés à l’équerre et au compas et établissant les proportions et la perspective puis transposés sur la toile.

La peinture de marine est également bien représentée par des œuvres (huile et dessin) de Willem van de Velde et de Jan Van Goyen (dont la superbe « marine par temps orageux » du musée de Rouen, 1655). Du panorama urbain relèvent l’admirable « panorama d’Amsterdam » de Jacob van Ruisdael et son dessin préparatoire probablement réalisé in situ, « vue sur Amsterdam et l’If » (Rijksmuseum), assurant ainsi une topographie exacte de la ville.

https://www.fondationcustodia.fr/Du-dessin-au-tableau-au-siecle-de-Rembrandt

A noter que la fondation Custodia propose parallèlement une exposition consacrée aux dessins de la collection Sieveking, historien de l’art. Bien que de qualité bien variable et d’une cohérence incertaine sinon qu’il s’agit de dessins allemands, on y relève quelques intéressantes pièces de Sustris, Gérard, van Dyck, Oppenord etc.

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