Bettina Rheims & Thidet

CHATEAU DE VINCENNES, Février-Avril 2018

CONCIERGERIE, Paris, Mars-Août 2018

Balade ensoleillée et artistique dans…d’anciennes prisons parisiennes hier ou quand l’art contemporain investit l’architecture médiévale gothique. La somptueuse sainte chapelle du château de Vincennes accueille actuellement une exposition consacrée à la série « détenues » réalisée par Bettina Rheims en 2014. L’artiste a passé un hiver dans des prisons de Lyon, Poitiers, Roanne et Rennes, proposant une écoute et surtout un regard à ces femmes enfermées dans leur douleur et leur solitude, à l’écart de la société. Une façon de leur redonner un peu d’individualité et de féminité, à travers des portraits photographiques frontaux sur fond neutre, blanc, où rien n’évoque l’univers carcéral si ce n’est une tristesse latente sensible à travers des regards éteints, des apprêts assez vains : “En prison, les femmes ne se regardent pas et une femme qui ne se regarde pas perd quelque chose de profond en elle. Une solitude s’installe et elles s’y enfoncent », observe l’artiste.

La série, ponctuée de courts textes inspirés de notes rédigées par l’artiste après les prises de vue, se déploie dans une scénographie agressive, industrielle, pensée par l’architecte Nicolas Hugon, mais c’est surtout le cadre remarquable de la chapelle -avec ses vastes vitraux pour partie du XVIe siècle avec force grisailles et illustrant l’Apocalypse selon saint Jean, son plan inspiré de la sainte-chapelle du palais de la Cité et confié à Raymond du Temple et Pierre de Montereau, son portail gothique flamboyant d’un grand raffinement- qui donne une majesté et une certaine présence à « ces femmes que personne ne peut voir » (Robert Badinter). Ce d’autant que le donjon de Charles V (XIVe) se dresse à quelques mètres, avec son escalier hors œuvre et le souvenir des prisonniers illustres qu’il recela (le futur Henri IV, le janséniste abbé de st Cyran, Nicolas Fouquet, Diderot, Sade).

http://www.polkamagazine.com/les-detenues-de-bettina…/

Stéphane Thidet détourne quant à lui l’eau de la Seine à la Conciergerie -autre imposant vestige du gothique parisien et du lieu de pouvoir -et d’emprisonnement- que fut le palais de la Cité-. Un projet ambitieux, nécessitant le recours aux compétences les plus diverses (ingénieurs, alpinistes…) et quelque peu réorienté : la cascade créée à l’extérieur de l’édifice devait au départ chuter directement dans le fleuve. L’artiste nous expose à un flux tout à la fois « doux » et menaçant, circulant paisiblement dans une structure de bois de sapin aux allures de montagnes russes ou de systèmes d’irrigation sommaires selon les dires de l’artiste mais non sans évoquer -la cascade intérieure principalement- les flux de sang tombant de la guillotine dans ce lieu de mémoire de la fin (temporaire) de la royauté et de la Terreur. « Je me suis inspiré de l’histoire de ce lieu. Notamment de l’inondation de 1910 […] Mais la Conciergerie a aussi été une prison, un lieu imperméable à l’extérieur. Y faire entrer l’eau par effraction, c’est aussi créer de la porosité, faire passer le dehors dans le dedans », explique Thidet.

http://www.leparisien.fr/…/paris-un-artiste-detourne-la…

Thidet Stéphane détournement_la Conciergerie_17 avril 2018
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