CITE INTERNATIONALE DES ARTS, Paris, 15-27 octobre 2018
Retour sur le OFF de la FIAC / 2e week-end…/ Epilogue
La cité internationale des arts accueille une nouvelle foire de qualité, mettant en présence une vingtaine de galeries d’importance (Florence Loewy, Jean Brolly, Eva Meyer, Isabelle Gounod, Anne Barrault…). Une sélection aérée permettant une bonne appréciation des œuvres. Ma sélection…
La galerie Florence Loewy présente le travail de Caroline Reveillaud, issue des beaux-arts de Paris. Une démarche atypique à mi-chemin entre photographie et sculpture, l’image investissant des supports en volume avec le livre pour référence, qu’elle s’inspire de catalogues d’histoire de la sculpture, que ses sculptures dérivent de dispositifs en relation avec le livre (publication, rayonnage, stockage…) ou qu’elle s’efforce de donner forme au « corps lecteur », de traduire l’expérience du lire dans l’espace physique.
Mon travail installe des cheminements dans lequel l’image (photographique ou filmique) se mue en sculptures connectées à l’architecture qu’elles occupent. De l’espace du livre à celui du lieu investi, j’explore les liens entre succession d’images et production de volume.
Egalement issus des beaux-arts de Paris : Katia Bourdarel, chez Aeroplastics et Emmanuel Régent, galerie Smulders qui poursuit son travail raffiné réalisé au feutre noir sur papier blanc, fait d’effacements et de manques, d’absence, et magnifiant paradoxalement des images de catastrophes tout en sondant la fragilité du visible.
J’essaie de construire des échappatoires, d’organiser des fuites, d’ouvrir des sorties par le blanc du papier, de construire des espaces de suppositions, de divagations, d’égarements…
Tout aussi singulier et intéressant se situe l’approche de Thomas Hauser, présentée par la galerie Un-spaced. Là aussi, la photographie se fait sculpturale -voire cinématographique par le recours au montage-, associée à des fragments de matériaux, assemblages de pierre, de béton et de miroirs posés parfois à même le sol et invoquant une mémoire, l’idée de résidus archéologiques. Une mémoire toutefois fragmentaire et relevant peut-être plus de l’inconscient que du réel, dès lors que le résultat tend à l’abstraction. La galerie Claire Gastaud propose des « mots mêlés » de Tania Mouraud, détournement de la programmation informatique réduite à des signes arbitraires, des aplats noirs, des lignes et croisements indéchiffrables.
Paolo Cavinato_the Flat Massimo Carasi 
Moussa Sarr_galerie Isabelle Gounod 
John Nicholson, caves 2018_the flat Massimo Carasi
A noter également des toiles de Dominique Figarella, galerie Anne Barrault, des pièces de Paolo Cavinato et John Nicholson (the flat Massimo Carasi) qui développent une réflexion sur l’espace, concret ou absolu, à travers des formes géométriques complexes et des jeux de pleins et de vides ; des œuvres de la série « Territoires sur image », de Pierre Weiss (galerie Valeria Cetraro) qui présente des peintures de territoires compressés sur des photographies tirées de vidéos érotiques. Il s’agit de compression, de réduction d’un espace intérieur comme moyen de s’extraire d’un espace contraignant, idée récurrente dans l’œuvre de Weiss ; le travail de Moussa Sarr (galerie Isabelle Gounod), issu d’une résidence récente à la villa Médicis et où il se met en scène en Narcisse, nouvel avatar et réincarnation, étranger comme la langue qu’il parle ; les déclinaisons du loup-garou de l’espagnol José Manuel Egea (Christian Berst art brut) par le biais du dessin ou du détournement d’images photographiques, expression d’une dualité effrayante, puissante et mystérieuse, éloge également de l’altérité.
