Cattelan : not afraid of love

LA MONNAIE, Paris, Octobre 2016-Janvier 2017

ACADEMIE DES BEAUX-ARTS & ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES BEAUX-ARTS, Paris, Octobre-Novembre 2016

Maurizio Cattelan, Novecento, 1997_Cattelan Maurizio_la Monnaie de Paris_2 novembre 2016

« Not afraid of love », l’exposition-autoportrait de Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris, se révèle particulièrement réussie, avec la présence d’oeuvres majeures telles que « Him », « All », « la nona ora », « Charlie don’t surf » etc. L’artiste a en effet sélectionné ce qu’il considère comme ses réalisations les plus abouties. Si j’avais pu en contempler certaines à la fondation Pinault de Venise ou à la fondation Vuitton, le regroupement d’une vingtaine d’oeuvres, souvent seulement une ou deux par salle, est d’une grande puissance et efficacité, non tant par leur esthétique que par la force de l’idée. Le parcours commence par « Novecento » 1997, cheval naturalisé suspendu au milieu de l’escalier d’honneur de la Monnaie, un symbole de puissance guerrière, de monument commémoratif singulièrement détourné dès lors que le cheval paraît las, les jambes démesurément étirées, la tête baissée. On retrouvera ce recours à la taxidermie dans d’autres oeuvres de l’exposition telles que « sans titre » 2007, un cheval à la tête enfouie dans le mur, comme un trophée de chasse inversé ou l’antithèse du monument équestre traditionnel.

L’artiste s’intéresse en effet à la façon dont les hommes projettent leurs peurs et fantasmes sur des représentations animales. Une oeuvre essentielle nous attend au centre de la première salle : « la nona ora », 1999, statue de cire représentant Jean-Paul II accablé par une météorite, sur un vaste tapis rouge, oeuvre où l’artiste entend « mettre en scène le contraste entre le pouvoir et la vulnérabilité ». Plus loin, dans « sans titre » 2001, un personnage aux traits de Cattelan passe la tête à travers un trou creusé dans le parquet : un signe d’effraction, effraction de l’artiste dans le monde de l’art ? L’enfance est plutôt chargée de violence et d’ambiguïté chez Cattelan : dans « Charlie don’t surf », 1997, il présente un garçon assis à son pupitre, de dos, les mains clouées par des crayons, allusion à ses traumatismes de jeunesse mais également à « Apocalypse now ».

Dans ‘Him », 2001, il s’agit à nouveau d’un garçon de dos, cette fois pieusement agenouillé. Lorsqu’on approche de l’oeuvre, un violent renversement se produit avec l’apparition d’Hitler dans les traits de l’enfant. Le contraste entre une image de vulnérabilité et de repentance et la monstruosité du personnage historique provoque un conflit avec l’idée catholique d’absolution. Cattelan travailla, étudiant, à la morgue de Padoue. L’image du cadavre se retrouve dans son oeuvre, particulièrement dans « All », 2009, ensemble de neuf gisants de marbre de carrare recouverts de linceuls paradoxalement beaux voire emprunts d’une certaine sacralité et non sans référence à l’histoire de l’art.

A voir également, l’exposition Klavdij Sluban à l’académie des beaux arts, transcription photographique d’un voyage initiatique sur les pas d’un maître du haïku du XVIIe, Matsuo Bashô, au Japon. Des noirs profonds, des compositions rigoureuses et épurées, des éclairages et effets de lumière des plus subtils.

Guillaume Valenti_Félicités_beaux-arts de Paris_2 novembre 2016

Et à quelques pas, l’école des beaux arts présente l’exposition des félicités dont les réalisations de Laure Barillé, Paul Créange, Enzo Mianes, Florian Mermin, Christelle Téa, une intéressante installation sonore de Jeanne Briand, etc. Des univers très différents et cependant assez peu d’émotion esthétique dans l’ensemble…

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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