De la nécessité de l’Art – 10e jour – Hermès, Diomède, Arès

Hermès, Arès Borghese, Diomède_Louvre, Paris, 8 mars 2020

Retour sur ma dernière visite au Louvre avant la fermeture du musée….La triade constituée de l’Hermès Richelieu, copie en marbre d’époque romaine d’après une œuvre du sculpteur grec Naucydès d’Argos (370-360 av JC), Diomède, copie romaine d’après une œuvre du sculpteur grec Crésilas (440-420 av JC) et l’Arès Borghese, copie romaine d’après une œuvre du sculpteur grec Alcamène d’Athènes (440-400 av JC) me plonge toujours dans une profonde contemplation. Le rapprochement de ces trois nus dont le déhanché s’inscrit pleinement dans la tradition de Polyclète, est admirable. Les trois modèles relèvent tous en effet de la période classique de l’art grec (Ve-IVe siècle av JC), lorsqu’un artiste tel que Polyclète rompt avec le type sévère et figé du kouros par son fameux « chiasme », faisant porter le poids du corps sur l’une des jambes et fléchissant l’autre, basculant ainsi légèrement le bassin de côté. L’artiste donne par ailleurs un mouvement opposé aux épaules (contrapposto), imprimant au corps un naturel inédit dont le modèle est le Doryphore (440 av JC), incarnation d’un canon assez court (1/7).

Malgré ses traits polyclétéens, Hermès, identifié par un fragment du caducée et aux trous où étaient fixées ses petites ailes, annonce déjà, par son corps plus élancé (1/8), sa musculature moins marquée et l’équilibre de son corps, les athlètes de Lysippe (IVe siècle). Diomède, quant à lui, est identifié par la présence du Palladion, statuette représentant Athéna et chargée de pouvoirs protecteurs, qu’il déroba avec Ulysse pendant la guerre de Troie, d’après Homère. L’Arès dit « Arès Borghèse », marbre de l’époque romaine, est peut-être inspiré d’un bronze du Ve siècle av JC. Arès est identifié par son casque et un anneau de cheville évoquant l’amant d’Aphrodide ou la paix, selon les interprétations. L’attribution à Alcamène est due à Pausanias, qui lui attribue une statue du Dieu sur l’agora d’Athènes.Quoiqu’il s’agisse de copies, on retrouve dans ces statues des traits de leurs modèles : la nudité héroïque, un canon antique tout à la fois équilibré et animé, une anatomie précisément détaillée, une idéalisation du sujet -qu’il s’agisse de la sérénité des traits, de la beauté et de la plénitude des formes-, généralement jeune et viril, impassible quelle que soit l’action représentée, majestueux. La destination religieuse de ces statues prime au Ve siècle, reculant à compter du siècle suivant. On ne peut que regretter la perte de tant d’originaux probablement époustouflants, particulièrement les bronzes, matériau prédominant au Ve siècle mais dont il ne nous est parvenu que de très rares exemples.

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