Le noir est au départ pour l’artiste -ce qu’il retient d’un lavis de Rembrandt- le moyen d’illuminer la couleur par contraste, voire même de donner l’impression, qu’elle émane de la toile. Un contraste actif. Puis, à partir de la fin des années 1970, il s’intéresse aux différentes textures du noir et à leurs réactions à la lumière, leur devenir lumière. Le noir peut provenir également d’un excès de lumière, si l’on songe au contre-jour, la « couleur de lumière » d’un Matisse. Pour faire naître la lumière, le peintre inscrit des sillons dans la matière noire, sillons qui créent des reflets. Il peint alors avec la lumière réfléchie par les états de surface du noir et en obtient tout une gamme de gris, du clair au sombre, née de la perception simultanée du noir et de la lumière. Une profonde intelligence de la couleur en termes de différences de matières, pour reprendre certaines réflexions d’Isabelle Ewig dans le catalogue de la rétrospective au Centre Pompidou, 2009-10. Le tableau n’a plus rien de la fenêtre albertienne, certes, mais s’ouvre néanmoins sur un espace, celui du spectateur, ce que renforce l’artiste en renonçant à tout cadre, toute barrière entre l’œuvre et le spectateur.