De la nécessité de l’Art – 33e jour – Parthénon

Iris, part du fronton Ouest du Parthéon_British Museum, London, 13 juillet 2019

Suite au saccage d’Athènes par les Perses, en 480 avant Jésus Christ, Périclès lance la reconstruction de l’Acropole, dont le temple à Athéna Parthénos (Parthénon), construit pour accueillir la grande statue chriséléphantine de la déesse de Phidias. Les travaux débutent en 447, le temple est inauguré en 438. Iktinos et Kallikratès, architectes du Parthénon, associent styles dorique et ionique (à l’intérieur), ce qui permet le déploiement d’un vaste programme iconographique à la gloire d’Athènes. Le temple est entièrement construit en marbre blanc du Pentélique et de forme rectangulaire (30 mètres de large X 70 mètres de long), s’inscrivant dans le rectangle d’or. Afin de corriger certaines illusions d’optique et de donner l’impression d’un temple parfaitement symétrique, la plateforme sur laquelle il repose est légèrement bombée, le profil des colonnes est légèrement incurvé et celles-ci sont légèrement inclinées vers l’intérieur, l’entablement est déplacé vers l’avant afin d’accentuer la ligne horizontale…

Tête d’un cheval du char de la déesse lune Selene, contrepoint du groupe d’Helios, fronton est_British Museum, 13 juillet 2019

Le décor sculpté du Parthénon est particulièrement ambitieux. Le fronton Est est consacré à la naissance d’Athéna, protectrice de la ville, qui sort armée du crâne de son père Zeus en présence des dieux de l’Olympe et des chevaux du Soleil et de la Lune ; le front Ouest, très dégradé, évoque la dispute opposant Poséidon et Athéna pour la possession de l’Attique (Athéna fait surgir un olivier, Poséidon une source salée), soit les deux mythes fondateurs d’Athènes représentés à travers une cinquantaine de figures colossales disposées de face, de trois quarts puis de profil en groupes pendants d’un fronton à l’autre. Les figures s’adaptent merveilleusement au cadre architectural, descendants lointains des kouroi mais loin d’être figées : pourvues de musculatures puissantes, elles adoptent des postures nonchalantes que soulignent les drapés. Ces frontons exaltent indirectement la puissance maritime athénienne.

La frise dorique, constituée de 92 métopes en haut relief, qui court le long du temple représente de célèbres combats mythologiques, symboles du triomphe de la civilisation sur la barbarie : gigantomachie (Est), centauromachie (Sud), amazonomachie (Ouest) et Ilioupersis (prise de Troie, Nord). La centauromachie, découpée en une suite de combats singuliers, est la partie la mieux conservée. Une frise ionique orne la cella, à l’intérieur, représentant en bas-relief la procession des panathénées –fête annuelle en l’honneur d’Athéna- La procession, d’abord tumultueuse, s’assagit peu à peu jusqu’à la remise du Péplos à Athéna dans l’assemblée des Dieux mais révèle toujours un travail des plus soignés des corps et des drapés. Elle prend semble-t-il le contre-pied du défilé des populations venant payer, en signe de soumission, payer le tribut au Grand Roi (Xerxès) représenté dans la salle du trône du palais de Persépolis : les citoyens athéniens viennent quant à eux offrir librement leur cadeau à la déesse.

La plupart des sculptures, qui témoignent de différentes phases stylistiques (du style sévère au classicisme puis à la fougue annonçant le IVe siècle), se trouvent désormais au British Museum suite au dépôt de Lord Elgin en 1801. Les métopes furent probablement réalisées en premier (vers 440), les frontons en dernier (vers 435). Si Phidias est peut-être à l’origine du programme décoratif du Parthénon (Dieux dans les frontons, héros dans la frise dorique, mortels dans la frise ionique), sa réalisation relève manifestement de très nombreux sculpteurs. Quoiqu’il en soit, le décor sculpté du Parthénon présente nombre de traits caractéristiques de l’art grec à son apogée : musculatures athlétiques, nues ou dénudées, au canon un peu plus allongé (1/8) que le canon court de Polyclète, recours à l’idéalisation manifeste dans la représentation de corps sans âge, aux traits impassibles, sereins, aux proportions équilibrées, aux musculatures admirables, représentation de figure de face, de profil ou en torsion, avec la même facilité, mouvements harmonieusement contrôlés, drapés de plus en plus légers, révélant le corps, les formes d’une poitrine ou d’une cuisse (drapé mouillé)…

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