ARCHIVES NATIONALES, Paris, Décembre 2017-Mars 2018

Le merveilleux hôtel de Soubise, site des archives nationales de France depuis l’Empire, siège de la Ligue pendant les guerres de religion et dont l’architecture actuelle relève principalement des architectes Pierre-Alexis Delamair et, pour l’aménagement intérieur, Germain Boffrand (XVIIIe), consacre une exposition au dessin d’architecture au XVIIe. Une période charnière d’affirmation du statut de l’architecte parallèlement à la mise en œuvre de lieux d’enseignement : l’Académie royale d’architecture et l’Académie de France à Rome. Si quelques remarquables portraits peints d’architectes sont présents, dont Jacques Lemercier par Philippe de Champaigne, tous deux au service de Richelieu, ainsi que des traités importants sous la plume de Félibien, Le Muet, Fréart de Chambray, Charles d’Aviler, François Blondel, « édifices antiques » d’Antoine Desgodetz…, ou encore le plus surprenant « journal de voyage d’Italie » de Robert de Cotte, le cœur de l’exposition est consacré au dessin d’architecture sous toutes ses formes.

François Mansart, vue du chateau de Berny 
la chapelle Mazarine, projet modifié par le Vau
Le XVIIe siècle témoigne en effet d’une belle effervescence créative dans ce domaine, tandis que les dessins du XVIe siècle sont rares (un dessin de Serlio pour saint Eloi des Orfèvres de Paris est cependant présenté) et que ceux du XVIIIe siècle perdent en diversité. Le parcours propose ainsi des esquisses, feuilles de présentation, dessins d’exécution et maquettes, documents contractuels, relevés…regroupés par architectes (Mansart, le Vau, le Pautre, Lemercier, de Brosse…) ou par thèmes (le palais du Luxembourg, l’église royale des Invalides, le collège Mazarin…), soit les différentes étapes d’un projet architectural à l’âge moderne.

Philippe de Champaigne, Jacques Lemercier, 1644 
Lemercier_scénographie Caprarola
L’exposition, dont le principal artisan est le spécialiste de l’architecture et de l’urbanisme moderne Alexandre Gady (professeur à Paris IV-Sorbonne), se révèle assez érudite avec par exemple des focus sur les différentes techniques de dessin. La construction du propos ne m’a toutefois pas convaincue, mais la qualité de certaines feuilles mérite le détour, ne serait-ce que le superbe 1er projet du Bernin pour la façade Est du Louvre (confronté à celui de Mansart), l’imposant plan de st Pierre par d’Aviler, ou l’incroyable coupe longitudinale en perspective de ste Anne la royale par Guillaume Feuillet, l’un des rares exemples d’architecture baroque en France, détruite par un incendie en 1662 (projet de Guarini).








