J’ai beaucoup de mal à considérer l’art, la musique, comme un pur divertissement, un amusement accessoire, une distraction nous détournant des choses sérieuses…sauf à entendre divertissement au sens pascalien car alors, la création prend tout son sens et se révèle un ressort fondamental, nécessaire, existentiel de l’humain depuis les origines. Elle apparaît même comme le propre de l’homme, conséquence de la pensée, de la conscience de soi et de sa propre mortalité. C’est pourquoi ce que nous renvoie aujourd’hui la société, qui réduit l’art, la culture, les spectacles à un loisir totalement vain me choque au plus haut point.
Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent […] j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos […] Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a bien une effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près. [….] de sorte que, [si l’homme] est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux. […]Ce n’est pas cet usage mol et paisible, et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition, qu’on recherche […] mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement […] Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux.
(Pascal, les pensées, 139, Divertissement).
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