
GALERIE TARASIEVE, Paris, Juin-Juillet 2019
L’imaginaire foisonnant -quoique très cohérent sinon quelque peu répétitif par l’emploi d’un matériau prédominant, le carton- d’Eva Jospin investit à nouveau la galerie Tarasiève, qu’elle convoque le minéral ou le végétal, la construction ou la ruine, l’érosion ou la nature dans son exubérance.

Jospin Eva_Nymphées, 2019_galerie Tarasieve, Paris_8 juin 2019 
Eva Jospin, Forêt, 2019_ galerie Tarasieve, Paris_8 juin 2019
Ses paysages mentaux de forêts denses, poétiques et mystérieuses, ses nymphées mêlant végétal et rocaille, qui jouent « de la matérialité, de la représentation et de l’illusion », entre sculpture et maquette, entre réel et fiction, se dessinent dans le travail du carton (« Panorama », « capriccio », « Grotte », 2019) mais aussi du bronze patiné (« Forêt noire », 2019), reflets de l’imaginaire de l’artiste et porteurs de contes, de mythes, de peurs et de désirs.
Chaque pièce résulte d’un long travail, l’artiste sculptant en haut-relief des arbres et des feuilles dans les couches de carton, principalement à l’aide d’un fein (petit outil vibrant avec une lame) pour faire les veines, les creux, d’une dremel (avec une tête ponceuse), d’un cutter, de l’exacto pour les parties plus fines. Elle use par ailleurs d’un vaste éventail de cartons choisis selon les détails à créer, travaillant avec la réserve entre ponçage et incision, comme en peinture.
…ce sont ces alternances entre deux pôles, minutieux/grossier, qui sont passionnantes. Dans ce travail autour des forêts, je peux donc exercer toute la folie de ma minutie, en comblant mon envie de détails. En même temps, il y a l’énergie de la force physique, lorsque d’un seul coup j’ai envie de poncer ma grotte, de foutre de la poussière partout, de porter des grands châssis, etc.
L’introduction de la pierre, l’évocation de couches de sédiments par les strates de cartons découpés, superposés, juxtaposés, témoignent d’une certaine évolution dans le travail de l’artiste, de même que celle de couleurs ténues et du noir. Son imaginaire s’étend.
Jʼai beaucoup regardé les jardins de la Renaissance maniériste et les peinture de vedute.
Eva Jospin


Eva Jospin, panorama, 2019
Eva Jospin, manifestement marquée par l’art et l’architecture des jardins de la Renaissance et de l’âge baroque, propose une réinterprétation de la nature idéalisée et déploie une architecture de l’agrément, du plaisir, du trompe-l’œil, de l’illusion et de l’ornement, entre nature et artifice : tempietti, grottes, folies, fabriques…Il émane de ses œuvres tout à la fois simplicité et puissance.





