Giacometti à la Tate

TATE MODERN, London, Mai-Septembre 2017

Giacometti_Tate Modern_12 août 2017

Découverte de la Tate Modern à l’occasion d’une importante rétrospective consacrée au sculpteur suisse Alberto Giacometti. L’ancienne centrale électrique repensée par Jacques Herzog et Pierre de Meuron se révèle un remarquable espace d’expositions d’art contemporain en dépit de la pauvreté de ses collections permanentes (à l’exception de quelques œuvres minimalistes et d’un focus sur Bruce Nauman) et propose un beau panorama sur la ville. L’exposition Giacometti, conçue par Frances Morris, directeur de la Tate, et Catherine Grenier, directrice de la fondation Giacometti, réunit, par-delà les chefs d’œuvres attendus de l’artiste, nombre de pièces jamais exposées auparavant et tout juste restaurées, d’où une redécouverte tout à fait inattendue de son œuvre (8 des 9 « femmes de Venise » de plâtre, oeuvre conçue pour la biennale de Venise de 1956, sont ainsi présentes, ainsi que des portraits de sa maîtresse Caroline, une remarquable série de têtes peintes etc.).

Certaines salles sont vraiment impressionnantes, tout particulièrement celle consacrée aux « groupes sculptés » (« la forêt », « la place », « 3 hommes marchant », « la cage », « homme marchant sur une place », « 3 figures et une tête », « la clairière »…), ou encore celle qui regroupe des pièces surréalistes majeures (femme-cuillère, objet invisible, le cube, femme égorgée…). Des espaces tout aussi étonnants sont consacrés aux portraits « miniatures » réalisés par l’artiste pendant la guerre, à ses « objets désagréables » ou encore aux « femmes de Venise ».

L’ensemble témoigne d’une grande diversité de styles : débuts relativement réalistes, influences cubistes, surréalistes, « primitives » ou brancusiennes dans les années 20 puis émergence d’un style propre après la guerre, caractérisé par des surfaces travaillées indéfiniment, modelées et remodelées, fortement triturées, des formes longilignes et isolées, symboles d’aliénation et d’angoisse humaines et offrant ainsi une image puissante auprès d’une génération traumatisée par la guerre, une concentration sur le visage et le regard, noyé dans une trame de lignes, dans les œuvres peintes. Il témoigne par ailleurs d’une grande diversité de techniques (sculpture en plâtre, bronze, argile, peinture, dessin) et d’une réflexion novatrice sur l’investissement spatial de l’objet sculpté, notamment par le socle. Une sélection de grande qualité.

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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