GALERIE TEMPLON, Paris, Janvier – Mars 2020
GALERIE CEYSSON, Paris, Décembre 2019 – Février 2020
GALERIE PARIS-BEIJING, Paris, Janvier – Mai 2020
Guerre, peur, vanités florales…Des thématiques sombres pour débuter cette année dans les galeries du Marais. L’exposition proposée par Philippe Bouchet à la galerie Ceysson & Bénétière réunit un ensemble de dessins, peintures, sculptures sur le thème de la guerre. La sélection, des fameuses estampes de Jacques Callot sur la guerre de Trente Ans (« les grandes misères de la guerre », 1633) à un très bel ensemble de toiles de Vladimir Velickovic, en passant par des dessins de Picasso ou Otto Dix -que l’on retrouve dans l’exposition « la peur au ventre » de la galerie Poggi, dans l’ensemble plutôt décevante-, une photographie de Robert Capa, une toile de Zoran Music…témoigne de la prégnance de la guerre au fil des millénaires, qu’elle qu’en soit le motif, se battre pour une terre, pour une foi, pour un souverain. Elle l’aborde toutefois sous l’angle du guerrier, du sang et de la mort, de la rage et de la brutalité, donnant libre court aux instincts les plus violents de l’homme. « Guerre des nerfs. Guerre des pierres. Guerre du feu. Guerre des étoiles. Guerre à mains nues. Guerre de propagande. Guerre de tous contre tous. Guerre d’anéantissement. Guerre économique. Guerre froide. Guerre verte. Guerre propre ? Guerre à l’horizon. Guerre à venir…[…] Guerre totale ».
https://www.ceyssonbenetiere.com/fr/exhibitions/guerre-s–2019-paris-1132/
Si la série photographique « on the water’s edge » de James Casebere, de part son traitement implacable, ses architectures fictives quasiment abstraites comme autant d’abris en synergie avec la nature, ses jeux de reflets et la thématique particulièrement actuelle qu’elle traite -la menace qui pèse sur l’environnement-, est digne d’attention, c’est l’exposition « carne dei fiori » de Philippe Cognée qui marque ce début d’année à la galerie Templon. L’artiste expose une impressionnante série de toiles consacrées aux fleurs. Des fleurs séchées, fanées, démesurément agrandies et déformées par la technique employée par Cognée, lequel pose ou jette de la cire fondue sur la toile pour ensuite la lisser ou l’onduler au fer, donnant lieu à une matière dense, quasiment abstraite, tout à fait originale. Des vanités florales ou une « poétique de la décadence » de toute beauté.
Pour clore ce premier parcours de l’année dans quelques galeries d’art parisiennes, la galerie Paris-Beijing accueille une remarquable exposition du jeune artiste Justin Weiler, déjà remarqué à plusieurs reprises (Felicità, beaux-arts de Paris 2018, 100% beaux arts, La Villette 2018, Drawing now 2019, Decade, 116 rue de Turenne, 2019, Art Paris 2018). Outre ses remarquables natures mortes à l’encre constituées de dizaines de toiles, d’un grand raffinement en dépit de la mélancolie qui en sourde, et ses sculptures monochromes d’une grande densité de matière mais appelant comme des stèles dressées à la contemplation, l’artiste présente une admirable série sur plaque de verre (« Screen » 2017-2019) ainsi que la serre « Ad Retro », 2017, réalisée au blanc de Meudon d’un geste ample, celui par lequel on occulte habituellement les vitrines, jusqu’à produire d’étonnants contrastes. Par delà la grande qualité de l’accrochage et la cohérence d’ensemble qui se dégage de ces œuvres, c’est la notion de recouvrement et un intérêt pour les seuils qui semble singulariser l’artiste. Un geste de recouvrement qui à force de cacher, finit par révéler ; une tension entre intérieur et extérieur qui explique probablement son intérêt pour des éléments tels que les stores, les serres, les rideaux de fer, les écrans… éléments par ailleurs propices aux effets de matière et de lumière, de transparence et d’opacité, que maîtrise admirablement bien Weiler. A voir et à revoir!
