PALAIS DE TOKYO, Paris, Octobre 2017-Janvier 2018

Plongée dans l’univers de Camille Henrot au palais de Tokyo, comme un récit visuel et littéraire se déclinant au gré des jours de la semaine, structure première du quotidien, dont le commissaire, Daria de Beauvais, rappelle le caractère fictif, humain, à la différence d’autres marqueurs temporels tels que les années mesurées d’après le cycle de la Terre autour du Soleil. Un récit plutôt hétéroclite sur le plan esthétique, où des réalisations sculpturales ou peintes cohabitent avec des assemblages où le sens et le plaisir esthétique demeurent frustrés (« The Pale Fox », censé refléter l’expérience physique d’une nuit blanche et un désir de compréhension du monde à travers ses objets mais dont l’accumulation d’objets, de textes et images, dessins et sculptures déroute sans atteindre son objectif https://www.camillehenrot.fr/fr/work/74/the-pale-fox, « Office of unreplied emails », qui interroge la communication pléthorique de notre temps mais procède à nouveau par accumulation impersonnelle).
Tandis que nombre de sculptures semblent un revival d’Henry Moore et donc guère novatrices malgré une certaine élégance et épure formelles, les peintures adoptent un style esquissé plus léger et naïf qu’efficace ou puissant. Les pièces les plus intéressantes et singulières comprennent le végétal comme matériau : adaptations d’ikebana (agencements précis de fleurs) japonais en dialogue avec des références littéraires dans la salle consacrée au dimanche, jour propice au repli d’avec la société, à la solitude et à la lecture ; herbier investissant les pages du catalogue de vente de la collection de bijoux de la princesse Aga Khan après son divorce etc. L’artiste déploie également quelques œuvres vidéos dont une pièce, « Deep inside », qui mêle images pornographiques d’un acte sexuel et peinture, noire, recouvrant ces images, en une danse assez forte et originale. Un propos sans doute trop construit pour un résultat esthétique plutôt décevant.



