GALERIES CROUSEL, GOODMAN, Paris, Janvier-Février 2016
GALERIE GODIN, Paris, Décembre 2015-Janvier 2016
Dans notre monde chaotique, incommensurable, contradictoire et complexe, il y a une demande énorme d’autorité. Les pixels apportent une esthétique à cette demande d’autorité.
Thomas Hirschhorn
La galerie Chantal Crousel présente une série d’oeuvres d’Hirschhorn, réflexion sur la pixellisation perçue comme une prise d’autorité sur les images, une façon de les surveiller et décider de ce qui peut être montré ou non au spectateur. Une forme de manipulation. L’artiste travaille à partir de photographies anonymes trouvées sur internet, des photographies de cadavres auxquelles il redonne une visibilité ainsi que des publicités de mode dans les magazines et procède par collage visible, « pixellisation manuelle » des oeuvres.
Il s’agit à chaque fois de corps humains détruits, images sans qualité photographique, témoignages, auxquelles l’artiste donne une nouvelle existence en les agrandissant et les montant en collages pixellisés. Des oeuvres fortes, difficiles, flirtant par endroit avec l’abstraction.
Les pixels sont un pont visuel entre deux ou plusieurs images de la réalité, entre deux ou plusieurs réalités existantes. Les pixels rendent l’incommensurable visible […, ils constituent] un instrument pour lier l’indicible avec l’abstrait, la réalité avec le réel, le caché avec le connu. [….] Je veux lier la beauté et la cruauté de la réalité.
Steve McQueen présente quant à lui une très belle installation et une vidéo installation, Ashes, galerie Marian Goodman. L’installation murale est constituée de soixante dix-sept néons bleu foncé représentant la phrase « remember me » écrite et réécrite inlassablement à la main. Une exhortation au souvenir et à un certain recueillement accentuée par l’atmosphère assez sombre de la salle. L’installation vidéo est composée de deux écrans, la vie /la mort, le portrait d’Ashes, jeune homme de l’île de Grenade comme Mc Queen, sur la proue d’une embarcation en mer des Caraïbes / un cimetière de Grenade huit ans plus tard.
Enfin, galerie Laurent Godin, un bel ensemble de pièces de Hsia-Fei Chang, néon, textes, photographies. Une série de récits, de contes, de « voyages accidentés » qui « respirent d’anecdotes amoureuses, de déboires sexuels, de fantasmes chargés de rêves ou tachés de chagrin » (Mehdi Brit)
