GALERIE MENNOUR, Paris, Mai-Juin 2016, Avril-Mai 2016

Petit avant goût de Monumenta chez Kamel Mennour avec une belle sélection d’oeuvres de Huang Yong Ping qui poursuit son bestiaire sculpté en abordant de nouveaux matériaux tels que l’aluminium (« sans titre », « de celui qui mange est sorti de qui mange ») et la maquette finale de son installation au Grand Palais (« Empires »). Toutes ces oeuvres ont été créées pendant la réalisation d' »Empires ». « Sans titre » représente un animal étrange, né du hasard pendant la réalisation du serpent d' »Empires ».
« De celui qui mange est sorti ce qui se mange » (Ancien Testament) est constitué d’une longue table sur laquelle est posée un fragment de la mâchoire du grand serpent d' »Empires », avec une part de dents manquantes laissant un grand vide empli d’eau, image de la transformation, de la transmission. Le hasard du processus de création donne souvent lieu, pour Huang Yong Ping, à de nouvelles idées. Les aquarelles travaillent l’image et la symbolique du cheval et du serpent avec une référence au Laocoon, la lutte entre l’animal et l’homme, le chaos naturel et le désir d’ordre.
Quant à l’exposition Alfredo Jaar dans le second espace de la galerie, il s’agit d’une série de photographies et une video-installation évoquant l’assassinat d’un homme au Nicaragua en 1978. Un travail très efficace et fort sur le deuil à travers la souffrance de ses filles. La gestuelle de la tristesse aux allures de tragédie grecque…La « dignité et l’horreur de l’insurrection ».
La video-installation présente deux femmes, les filles du père assassiné, à la fois « émanation de deux personnages photographiées et projection intérieure de notre propre psyché ». Deux femmes se battant pour exister, disparaissant et apparaissant successivement dans une sorte d’indifférence, d’aveuglement collectif. « Elles symbolisent notre incapacité à voir ». Une critique de la représentation de la violence, des médias et de l’indifférence de la communauté internationale, une réflexion sur le visible et ce qui est donné à voir à travers ce double mouvement de convocation et de rejet d’une image.








