Il Davide, Michelangelo

Mai più s’è veduto un posamento si dolce né grazia che tal cosa pareggi, né piedi, né mani, né testa che a ogni suo membro di bontà d’artifici di parità, né di disegno s’accordi tanto

Giorgio Vasari
Michelangelo, Davide, 1501-1504_Galleria dell’Accademia, Firenze, juin 2019

Lorsque l’aube se leva, il avait parcouru du chemin. Une vive lumière s’était faite en lui. Goliath devait disparaître. Sa tête noire, morte, ensanglantée, affreuse, n’avait aucune place dans l’univers de l’art. On n’aurait jamais dû l’y introduire en premier lieu. La pleine signification de David se trouvait obscurcie par cette horrible tête à jamais enchaînée à ses chevilles. Ce que David avait accompli se réduisait ainsi à un simple acte physique aboutissant à la mort de l’adversaire. Mais pour Michel-Ange, ce n’était là qu’une faible part de la signification de David ; pour lui David représentait l’audace de l’homme, qu’il fût penseur, érudit, poète, artiste, savant homme d’Etat ou explorateur : un géant de l’âme et de l’intelligence aussi bien que du corps. Sans la tête de Goliath, il pouvait se dresser comme le symbole du courage de l’homme et de sa victoire sur des ennemis autrement plus importants. […] Pour Michel-Ange, c’était la décision de David qui faisait de lui un géant, non le fait d’avoir tué Goliath. […] Il ne suffisait pas à Michel-Ange de faire le portrait d’un homme ; ce qu’il cherchait, c’était l’homme universel. Chaque Homme, tous ceux qui, depuis le commencement des temps, avaient affronté le combat pour la liberté. Tel était le David qu’il n’avait cessé de chercher, celui qu’il voulait surprendre à l’instant exaltant de la détermination, mais sur le visage duquel, cependant, se lisent encore la crainte, l’hésitation, la répugnance, le doute; l’homme qui désire s’avancer seul dans les collines de Jérusalem et qui se soucie peu du tumulte des armes et des récompenses matérielles […]. Une fois qu’il se sera attaqué à Goliath, il n’y aura pas de retour en arrière, surtout s’il sort vainqueur du combat. C’est la certitude de ce qu’il se fera à lui-même comme aussi de ce que le monde lui fera, qui le remplit de doute et d’appréhension à l’idée de changer le cours de son destin.

Irving Stone, la vie ardente de Michel-Ange. Puissant et solitaire, Plon, 1983
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