Inner universe, Chiharu Shiota

GALERIE TEMPLON, Paris, 30 mai – 25 juillet 2020

All my work is inspired by my life or by a personal emotion. I try to expand this emotion into something universal to connect with others

L’artiste japonaise Chiharu Shiota, élève de Marina Abramovic et marquée par les œuvres de Louise Bourgeois, Eva Hesse ou Ana Mendieta tant par le mélange d’installations éphémères, de « sculptures » et de performance à l’œuvre dans son travail, la place donné au corps et le travail de l’inconscient, que par le recours à des matériaux délicats et traditionnellement liés au féminin, investit à nouveau, après ses expositions aux printemps 2014 et 2017, le nouvel espace de la galerie Templon rue du Grenier st-Lazare avec un ensemble de sculptures de fils mais également de cuir, de dessins, de pièces en verre soufflé ou en bronze.

The single line of thread is like a line in a painting. With the thread I am drawing in the air, in an unlimited space. With the material I can create new spaces. They might be deconstructed after the exhibition, but they will live in the memory of the visitors forever.

« Inner universe » sonde le thème de la finitude et de l’éternité, la relation entre le corps et l’esprit, « l’existence en l’absence », à travers une dominante de rouge. L’une de ses pièces emblématiques où l’artiste enferme dans une boîte tissée de fils entremêlés des objets du quotidien libérés de leur fonctionnalité première –des objets banals suffisant à évoquer la présence d’une personne-, tels qu’une robe, un livre d’anatomie, contient d’ailleurs un crâne, ce qui nous renvoie immédiatement à la thématique de la Vanité dans l’histoire de l’art. D’autres pièces convoquent des souvenirs, soulignent des absences tandis que partout, les fils tout comme les dessins évoquent la puissance des liens entre les hommes, reflètent des sentiments, chaque être apparaissant dans ces-derniers comme une cellule prise dans un réseau organique. Des toiles tressées de fils (« skin »), en noir, en rouge, évoquent tout à la fois le microcosme et le macrocosme, l’intérieur organique et l’extérieur cosmique. L’artiste dépasse ainsi les limites de la surface et de la peinture, de même qu’elle sort du cadre de la sculpture en coupant, entrelaçant et nouant les fils les uns après les autres.

The thread separates us from this physical presence within the object, but at the same time, this structure allows me to create a new space. Piling up layer after layer of cut, tangled and knotted thread creates the entirety of the universe bound to this frame.

Installation centrale de cette exposition, « Out of my body », présentée au musée d’art Mori l’an dernier, est constituée de sept pièces de cuir rouge, lequel renvoie à la peau humaine et est découpé en une trame élégante en forme de cône inversé, suspendues sous la verrière de la galerie et de parties du corps de l’artiste (ses pieds) sculptées dans du bronze. L’artiste la décrit comme un vortex d’énergie au centre duquel se trouvent ses pieds, le reste de son corps étant absent. Une évocation poétique de sa confrontation à la maladie et à la mort, de l’expérience de parts du corps absentes, enlevées, soumises à la chimiothérapie. Une expérience des plus personnelles et douloureuses traduit dans un langage universel.

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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