MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, Paris, Mai – Juillet 2018
Avant quelques mois de fermeture pour travaux, la Maison européenne de la photographie consacre une rétrospective au photojournaliste américain James Nachtwey, « memoria ». Une plongée douloureusement efficace à travers les grandes tragédies des dernières décennies : la Bosnie dans les années 90, le génocide rwandais en 1994, les violences en Afrique du Sud, les migrants aujourd’hui… Une salle particulièrement impressionnante confronte des images des attentats du 11 septembre 2001 à la guerre en Afghanistan. Il n’y a ni jugement, ni message sinon une compassion au sens étymologique du terme (« souffrir avec »), une compassion pour l’humanité dans sa lutte contre la douleur, l’injustice, la violence, la mort.
Un regard compassionnel est un regard de connaissance, de conscience et de mémoire : le seul antidote possible contre ce cœur des ténèbres dont la charge d’horreur est à la mesure de ce dont tout homme est capable.
Roberto Koch, extrait du catalogue
Les images les plus insoutenables -non transcrites ici- sont sans doute celles que le photographe consacre à la famine au Soudan et en Somalie ou encore son étouffante frise en noir et blanc sur les blessés de guerre aux mains de médecins militaires irakiens. « Le photographe nous rassemble en une seule humanité. Il ne connote pas la condescendance ou la “pitié”, mais une réelle empathie où la souffrance des autres devient également la nôtre », Wim Wenders. Il n’en demeure pas moins que la maîtrise du cadrage et de l’éclairage font qu’il se dégage de ces images, par-delà l’horreur qu’elles dépeignent et le travail de mémoire qu’elles accomplissent, une beauté « vertigineuse ».
https://www.canon.fr/…/james-nachtwey-memoria-interview/https://loeildelaphotographie.com/…/james-nachtwey…/
La seconde exposition en cours à la MEP s’intéresse à l’artiste Nicolas Combarro. La photographie permet à ce-dernier de capturer les interventions qu’il effectue dans des espaces architecturaux, les modifiant, leur redonnant vie, révélant leur charge abstraite, par la peinture, le collage, l’installation et donnant naissance à de nouveaux espaces. Les espaces qui l’intéressent sont des architectures inachevées, spontanées, à l’abandon, des architectures oubliées, nées de l’immédiat ou du drame, tels les habitats de fortune bâtis par des réfugiés ou l’architecture populaire, autoconstruite, porteuse d’identité. Des formes de résistance. Un travail rigoureux et poétique tout à la fois.
