PALAIS DE TOKYO, Paris, Juin – Septembre 2018

On peut espérer que Laure Prouvost sera plus inspirée l’année prochaine, étant donné que le pavillon français de la prochaine biennale de Venise lui a été confié. En effet, on peut passer très vite sur « ring, sing, and drink for trespassing », présentée actuellement au palais de Tokyo. Un bric-à-brac indescriptible et froid, mélange d’objets de récupération et de vidéos, qui, bien que l’artiste nous invite à emprunter des chemins de traverse incongrus, ce qui n’est pas totalement dénué d’attrait, m’a laissée de marbre.
On peut aussi passer rapidement sur les bricolages, sculptures en résine et en mousse, assemblages incongrus entre espace intime et espace public, de Romain Vicari même si le sous-sol du palais de Tokyo, vaste espace sévère et sombre, leur convient à merveille en les emplissant de mystère et d’une certaine poésie.
Il en est tout autrement de la très belle proposition de Bronwyn Katz et je préfère m’étendre un peu plus sur un travail que j’ai vraiment apprécié…L’artiste sud-africaine propose un ensemble de pièces mêlant admirablement pauvreté et poésie. Elle travaille en effet principalement avec des matériaux issus de lits hors d’usage, objets de l’intime par excellence mais dépouillés de tout ce qui en fait un refuge, un espace d’abandon protégé pour le rêve, l’amour et le sommeil et auxquels elle fait subir un travail long et minutieux. Il en résulte des pièces abstraites, minimales et incroyablement épurées, des pièces dures et violentes malgré leur grande qualité esthétique. Il s’agit pour Katz de « déconstruire la réalité et d’imaginer de nouvelles potentialités tout en conservant la mémoire résiduelle et les traces des activités humaines ». Un travail de résistance inspiré par son expérience de Paris, ses barrières et ses silences et comment les minorités, reléguées à la marge, s’efforcent de les contourner.



