La basilique de St Denis : joyau gothique et nécropole royale

Basilique de st Denis_27 décembre 2021

La basilique Saint-Denis a été créée sur le site d’un mausolée gallo-romain, sur le lieu du martyre du premier évêque de Paris missionné pour évangéliser les gaulois de Lutèce. Un petit oratoire y est édifié à la fin du IIIe siècle. Une chapelle est élevée au Ve siècle, à l’époque mérovingienne. L’église est rénovée et agrandie sous les carolingiens, au VIIIe siècle, à la manière des basiliques romaines, bâtiments civils à trois nefs souvent bâtis hors des villes sur la tombe d’un saint mais c’est vraiment aux XIIe et XIIIe siècles, sous l’impulsion de l’abbé de saint-Denis Suger, qu’elle connaît ses transformations décisives.

Ce-dernier commence par les travées du massif occidental aux lignes puissantes et massives, en 1140, et engage la construction d’un nouveau chevet (1140-44), supporté par de puissants arcs doubleaux et de fines colonnes et surmonté de grandes surfaces vitrées qui font que la lumière traverse l’édifice d’Est en Ouest. S’inspirant des textes de Denys l’aréopagite pour qui Dieu est lumière, Suger développe ici une conception théologique de la lumière : les choses visibles peuvent être des lumières matérielles qui reflètent des lumières intelligibles, la lumière divine même. Les vitraux sont de fait omniprésents, depuis la rose de la façade, en passant par les vitraux du triforium, des grandes fenêtres en voûte d’ogive et des chapelles, même s’il ne subsiste que cinq verrières du XIIe siècle dont le remarquable vitrail de l’arbre de Jessé (1145) fondée sur une prophétie d’Isaïe, généalogie simplifiée du Christ, image idéale de la royauté. La clarté de la basilique reflète celle de la pensée scolastique. L’influence de Pierre Abélard, lequel introduit la dialectique dans la théologie, se ressent également, la rigueur architecturale –caractérisée par la géométrie, l’harmonie et l’articulation de l’édifice par la travée étant à l’image de l’ordre divin.

L’originalité architecturale de ce chevet réside par ailleurs dans l’utilisation d’une forêt de colonnes constituées chacune de plusieurs colonnettes engagées correspondant aux nervures des arcs de voûte et supportant une des premières voûtes sur croisée d’ogives parfaitement maîtrisée. Le regard est conduit de la base de la colonne à la naissance de la voûte au point que les 28 mètres de hauteur sous voûte en paraissent beaucoup plus. Le déploiement de la voûte en ogives permet en outre de désenclaver le déambulatoire, de faire pénétrer la lumière jusqu’au chevet et à l’autel, d’autant que les larges baies ornées de vitraux des chapelles rayonnantes accentuent l’impression de lumière.

Chapiteau roman, crypte_ Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Le décor et l’architecture de la basilique s’inspirent des légendes de saint Denis. Les 12 colonnes du chevet représentent les 12 apôtres, celles des déambulatoire, les 12 petits prophètes, tandis que les gisants royaux expriment un sens de la mort chrétienne. Les chapiteaux historiés sont ornés de décors en rapport avec les chapelles et inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testaments, des miracles de saint Denis, des miracles de st Benoît et des miracles de st Edmond, tandis que les chapiteaux ultérieurs, à simples motifs végétaux, seront plus austères et stylisés. En 1144,les reliquaires en argent des saints martyrs, saint Denis et ses deux acolytes –Rustique et Eleuthère-, sont transférés de la crypte carolingienne au nouveau chevet.

La façade au rythme ternaire –symbole de la Trinité-, 1135-40, est également l’œuvre de Suger et emblématique de l’art gothique naissant, même si elle connut des transformations aux XVIIIe (retrait des statues-colonnes et du st-Denis du trumeau, arasement de la tour Nord touchée par la foudre) et XIXe siècles. Il s’agit d’une façade harmonique, rectangle divisé en trois parties, la plus large au centre, les deux latérales surmontées de tours symétriques. Elle se caractérise par trois niveaux qui s’élèvent vers les tours, trois portails, avec à l’origine des statues-colonnes aux ébrasements, dont le décor sculpté évoque la vie et le martyre de st Denis, le Jugement dernier, la Vierge et la Trinité. Au centre, des arcades triples induisent un élan vertical vers la rose symbole de l’unité de Dieu et du cosmos.

Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Ce symbolisme trinitaire se retrouve dans les trois roses qui couronnent les doubles baies géminées de chaque fenêtre haute, de part et d’autre des roses Nord et Sud, les trèfles qui surmontent les arcatures du triforium, les triples baies des collatéraux…. La rose Sud, de plus de 14 mètres de diamètre, aurait servi de modèle à celle de Notre-Dame et représente Dieu bénissant avec des anges, les douze signes du zodiaque incarnant la course du soleil et vingt-quatre travaux agricoles.

Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Entre 1231-1281, la nef et le transept –d’une ampleur exceptionnelle qui a permis d’accueillir la nécropole royale- sont agrandis et l’ensemble est harmonisé par des collatéraux amples, esthétiques, géométriques aux parois très évidées, un triforium –au mur ajouré- raccordant le chevet et la nef. La suppression des murs entre les chapelles produit un effet d’ouverture, de fluidité, d’unité. L’articulation des colonnes, colonnettes, chapiteaux et voûtes induit un mouvement ascendant, vertical, de l’obscurité à la lumière, l’alignement des arcs du triforium et des lancettes des fenêtres accentuant l’effet d’optique. Cette église de l’époque de saint Louis est typique du gothique rayonnant.

Tombeaux_Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Par-delà son architecture incroyablement lumineuse, la basilique abrite le plus important ensemble de sculptures funéraires du XIIe au XVIe siècle en Europe, avec plus de soixante-dix gisants et tombeaux monumentaux. Le désir des rois d’être enterrés près des reliques de saint-Denis, saint titulaire du royaume, s’affirme dès les Francs, en quête de légitimité. Il perdurera jusqu’à la Révolution. Si les corps des rois étaient initialement inhumés directement sous les monuments sculptés, ce ne fut toutefois plus le cas dès Henri IV, les Bourbons étant inhumés dans la crypte. Par ailleurs, les dépouilles furent exhumées en 1793 et jetées dans des fosses communes si bien que les tombeaux sculptés ne contiennent plus d’ossements.

On peut quoi qu’il en soit esquisser à st Denis une histoire de la sculpture funéraire, depuis les dalles sculptées, creusées afin de laisser en réserve les reliefs et représentant les défunts les yeux ouverts sur la lumière éternelle, portant couronne et sceptre -de tradition à l’époque mérovingienne-, jusqu’aux gisants –figure allongée chargée de rappeler le défunt à la mémoire des vivants- et aux somptueux tombeaux renaissants et maniéristes, emblématiques de la conception du double corps du roi avec une représentation réaliste des cadavres surmontée du couple royal en prière.

L’idée de nécropole royale s’affirme avec saint Louis qui commande, vers 1265, seize tombeaux commémoratifs –leurs dépouilles ne reposant pas toujours à st Denis- de précédents souverains qui incarnent le mythe d’une continuité monarchique entre mérovingiens, carolingiens et capétiens. Les gisants sont représentés de façon idéalisée, jeunes et sereins, sans traits personnalisés, portant couronne et sceptre, les yeux ouverts, orientés à l’est dans l’attente de la Résurrection. Ils reposent sur de massifs socles de pierre, la tête sur un coussin. Les descendants de Charlemagne prennent place au Sud de l’église (mérovingiens et carolingiens : Clovis II, Charles Martel, Berthe, Pépin, Ermentrude, Carloman, Carloman II et Louis VI) et ceux des capétiens (Eudes et Hugues Capet –perdus à la Révolution-, Robert le Pieux et son épouse Constance d’Arles, Henri 1er et Louis VI, Philippe 1er et Constance de Castille) au Nord. Au centre de la croisée, St Louis place les tombeaux –initialement en argent doré- de son père et de son grand-père (Louis VIII et Philippe-Auguste) et prévoit son propre tombeau qui, érigé en 1280 en or et en argent, sera détruit comme les autres tombes d’orfèvrerie pendant la guerre de Cent Ans.

Crypte de st Denis

S’ajoutent à la commande de st Louis des tombeaux provenant d’églises détruites tels que le gisant de Clovis, de qualité moyenne, allongé, les yeux ouverts, un lion, symbole de force, sous ses pieds ; celui de Childebert, réalisé au XIIe siècle, avec la maquette de l’église de st Germain des prés –monastère qu’il avait fondé- dans la main droite, vêtu à l’antique, les yeux ouverts, serein, idéalisé ; celui de Frédegonde, dalle creusée avec le visage et les mains peints, un remplissage de pierreries, un traitement assez calligraphique. A noter que si le droit de sépulture à st Denis est initialement réservé aux souverains, cela change avec les croisés, morts nombreux et qui se voient reconnaître le droit d’être enterrés près de leur souverain tels que le comte de Nevers, fils de st Louis, le comte d’Eu, Pierre de Beaucaire…Il en sera de même du grand soldat du Guesclin sous Charles V, dont le surcot, l’armure, l’écusson et l’épée sont minutieusement détaillés, la stature du modèle, petit, robuste, respectée, les traits décrits sans concession avec des joues gonflées, le front bombé, le nez long, un regard intense, ou encore du connétable Louis de Sancerre.

Le tombeau de Dagobert Ier, vers 1258_Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Parmi les tombeaux les plus remarquables, on peut retenir celui de Dagobert, érigé rétrospectivement, au XIIIe siècle, en forme de portail dont le faîte représente le Christ ressuscité. Le gisant du roi, couché sur le flanc, les mains jointes, et flanqué des statues en ronde bosse de Nanthilde et Clovis II, regarde, les yeux ouverts, vers la sépulture primitive de saint Denis. Le tympan narre, sur trois registres sculptés initialement polychromes, la vision de l’ermite Jean selon laquelle l’âme de Dagobert est emportée aux Enfers par des démons. Appelant à l’aide, Dagobert est sauvé par saint Denis, saint Martin et saint Maurice qui conduisent son âme aux portes du paradis.

Isabelle d’Aragon, vers 1275_Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Le gisant d’Isabelle d’Aragon, épouse de Philippe III le Hardi, commandé par son époux, inaugure une formule qui se perpétuera tout au long du XIVe siècle et rompt avec la tradition par sa réalisation en marbre blanc, jadis rehaussé de couleurs, sur une dalle de marbre noire initialement sur colonnettes et plus encore par une représentation moins hiératique, plus réaliste, qui s’imposera peu à peu. Isabelle est représentée jeune et belle, le visage bien caractérisé, à petites fossettes, les mains, potelées, très raffinées, tandis qu’un drapé léger s’effondre sur les bords de la dalle. Cette tendance vers l’humanisation rompt avec l’idée de représenter le mort à l’âge idéal de 33 ans, celui de la Résurrection, au profit de sa représentation à l’âge de son décès. Cela témoigne également d’une vision plus positive du corps terrestre avec l’idée de libre arbitre développée par Thomas d’Aquin au milieu du XIIIe siècle.

Les tombeaux de Philippe III le Hardi et Philippe IV le Bel témoignent de la même tendance. Le premier, en pierre, est l’œuvre de Jean d’Arras et quoiqu’idéalisé et restauré, a une identité. Il était accompagné d’un cortège de figures d’albâtre. Celui de Philippe le Bel, commandé en 1327, représente le roi couché, le visage lourd, le nez marqué, les lèvres fines, affichant une autorité manifeste. Il est réalisé en marbre blanc sur une dalle de marbre noir, entouré de 2 colonnettes et d’un grand dais monumental avec des arcatures qui contenaient à l’origine des figurines, avec deux lions à ses pieds.

Andre Beauneveu, Charles V

A l’âge de vingt-sept ans, Charles V commande son gisant à André Beauneveu (vers 1364). Il s’agit du premier portrait officiel de l’histoire de la sculpture funéraire, fait du vivant du roi quoique volontairement vieilli. Il est représenté en manteau de sacre, avec de rares plis tuyautés tombant droits. Beauneveu réalise un portrait sans concession, avec des traits durs, un grand nez, un menton saillant et double, de petits yeux, des cheveux coupés au carré. Si la couronne a disparu, il porte toujours un sceptre et la main de justice et ses pieds reposent sur deux lions symboliques. La sculpture, d’une qualité de poli remarquable, repose sur une dalle noire et était accompagné du gisant de Jeanne de Bourbon, perdu, d’un dais, de colonnes en marbre blanc et de petites statues.

Charles V a également commandé les tombeaux de Philippe V, de Philippe VI et Jean le Bon, tous conçus de même, en costume de sacre, avec couronne, sceptre et main de justice, mais seul le gisant de Charles V semble de la main de Beauneveu. On peut encore noter l’œuvre de Jean de Liège et Robert Loisel, également réalisée du vivant du modèle : le gisant de Blanche de France (vers 1390), représentée apaisée dans ses vêtements de veuve, voilée, les mains jointes, réaliste dans sa laideur ou enfin, dans leur grande singularité, le noir tombeau de la reine, de l’abbaye de Maubuisson, et les gisants des enfants de Saint-Louis, Blanche et Jean de France, réalisés en émaux limousins (XIIIe), qui comptent parmi les rares tombeaux métalliques conservés.

Si les tombeaux médiévaux méritent pleinement l’attention, plusieurs œuvres de la Renaissance se dressent encore dans toute leur majesté et leur beauté plastique dans la basilique. En 1502, Louis XII fait ainsi construire une tombe en l’honneur de ses ancêtres, les ducs d’Orléans, œuvre des sculpteurs génois Michele d’Aria, Girolamo Viscardi, Donato di Battista Benzi et Benedetto di Rovezzano. Il s’agit d’une œuvre de compromis associant un sarcophage italien entouré d’une arcade classique où nichent, à la place des traditionnels pleurants, les douze apôtres, et des gisants dans la tradition française (Louis duc d’Orléans, son épouse Valentina Visconti et deux de leurs fils, Charles et Philippe).

Giusti, Louis XII & Anne de Bretagne, 1531_Basilique de st Denis_27 décembre 2021

Les trois tombeaux à deux étages de Louis XII, François Ier et Catherine de Médicis sont construits selon le même modèle : à l’étage inférieur, à l’intérieur du monument, les « transis », le couple royal nu et figé dans la mort ; à l’étage supérieur, sur la plate-forme, les mêmes personnages agenouillés, en prière. Méditations sur la mort et la Résurrection, ils s’inspirent probablement de la cérémonie des funérailles royales et du principe des deux corps du roi –le corps physique et le corps mystique, politique, symbole de la permanence de la monarchie-, incarnée pendant les funérailles par un mannequin. Les transis témoignent par ailleurs d’une mentalité nouvelle envers la mort, une peur croissante, exprimée dans cette image du corps en décomposition.

Le tombeau de Louis XII et d’Anne de Bretagne a été sculpté en marbre de Carrare suite à une commande de François 1er (1515-31). Ce petit temple à l’antique est entouré des douze apôtres et des quatre vertus cardinales, Prudence, Force, Justice et Tempérance, tandis que le soubassement est orné de bas-reliefs qui illustrent des épisodes victorieux des guerres d’Italie. En dépit de quelques traits traditionnels, les priants pouvant être attribués à un artiste français du cercle de Colombe, il s’agit d’un tombeau novateur. Les apôtres et les vertus sont probablement l’œuvre des Giusti, sculpteurs florentins, dans le style d’Andrea Sansovino, tandis que les bas-reliefs autour de la base témoignent de l’influence de Bertoldo. Les gisants semblent quant à eux l’œuvre d’un artiste français connaissant la sculpture italienne et se distinguent par la sensibilité de leur modelage, la vivacité de leur conception. Certains détails naturalistes évoquent la sculpture gothique tardive ou le portrait français du XVe siècle (la bouche ouverte, les joues évidées…) tandis que la tête du roi rappelle certains portraits impériaux romains.

Le tombeau de François 1er, sa femme Claude de France et trois de leurs enfants  (1549-59) a été conçu par Philibert Delorme, suite à une commande d’Henri II, en 1548. Il s’agit d’une version classique, sous la forme d’un arc de triomphe inspiré de celui de Septime Sévère, avec des arcs latéraux en retrait, du tombeau de Louis XII. Les transis, témoignant de connaissances anatomiques nouvelles, reposent sous une voûte en berceau ornée de reliefs représentant le Christ ressuscité, les anges et les quatre évangélistes, tandis que le roi et la reine sont représentés sur le dessus, encadrés par un grand arc, agenouillés devant des pupitres de prière.

Pierre Bontemps, Tombeau de François Ier et Claude de France, 1549-59

Delorme travaille toutefois avec une équipe de sculpteurs : Pierre Bontemps, au style franc, virtuose dans le rendu des détails réalistes, et auquel on doit probablement le remarquable emploi des marbres colorés, les reliefs et plusieurs des priants en marbre, les gisants, ainsi que Primatice qui achève le monument. A l’intérieur du tombeau, le couple royal est représenté à taille réelle avec un réalisme saisissant. Sur la plate-forme supérieure, agenouillé, il est accompagné de trois de ses enfants et exprime l’espoir en la Résurrection mais aussi le caractère familial du monument. Le tombeau célèbre par ailleurs, par des bas-reliefs d’une incroyable précision documentaire et d’une grande vivacité sur les faces du socle et des dés supportant les colonnes, le roi chevalier, vainqueur à Marignan en 1515, -bataille dont plusieurs épisodes sont représentés avec un réel sens de la narration et du pittoresque (les préparatifs, le passage des Alpes et l’affrontement des armées)- et à Cerisoles en 1544.

Pierre Bontemps est également l’auteur d’une superbe urne funéraire pour le cœur de François 1er. (1550). De fait, il était d’usage –principalement pour des raisons de difficulté de conservation – de séparer les éléments du cadavre et de sculpter trois gisants pour les souverains (gisant d’entrailles, gisant de cœur et gisant de corps). A Saint-Denis se trouvent principalement des gisants de corps, les plus nobles. Pour le cœur de François 1er, Bontemps réinterprète magistralement l’urne funéraire antique qu’il place sur un haut socle rectangulaire. Il y célèbre, sous la forme de reliefs dans des cartouches ronds, le roi mécène et protecteur des arts et des sciences (Architecture, Géométrie, Sculpture, Peinture), dans un style bellifontain des plus raffinés qui témoigne de l’influence de Primatice, notamment dans les formes allongées des nymphes.

Le dernier tombeau renaissant, maniériste, est celui de Catherine de Médicis et Henri II (1560-73), initialement pensé dans une vaste rotonde de 30 mètres de diamètre dite des Valois dans l’esprit des tombeaux antiques, laissée inachevée et détruite au début du XVIIIe siècle. Œuvre magistrale du Primatice –auteur des dessins-, du sculpteur italien Ponce Jacquio et du français Germain Pilon, il se singularise par sa polychromie de marbres et de bronze inspirée de l’art italien et une célébration de thèmes religieux et catholiques. Comme dans le tombeau de Louis XII et d’Anne de Bretagne, le monument comprend au sommet des priants incarnant une vie nouvelle dans l’éternité, dans un esprit italianisant, et dans la partie inférieure, le couple royal nu, dans la mort. Catherine de Médicis jugea toutefois son « transi » trop macabre et décharné –l’œuvre est conservée au Louvre- et en fit sculpter un second plus serein, inspiré d’une Vénus du musée des Offices de Florence. De monumentales et sublimes vertus de bronze maniéristes flanquent les quatre angles du tombeau. Pilon a également réalisé deux effigies en marbre, couchées, d’Henri II et Catherine de Médicis (1583) en robes de couronnement.

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