DIVERS LIEUX, Venezia, Mai-Novembre 2017

Bosnia e Mongolia
Plusieurs pavillons nationaux éparpillés dans la ville m’ont semblé de grande qualité, particulièrement à travers des vidéos mêlant à la fois force du propos, beauté des images, pertinence du rythme et de la composition sonore. « The University of disaster » de Radenko Milak, palazzo Malipiero (Bosnie) propose ainsi sur trois écrans une animation de toute beauté dépeignant des « désastres » : conflits, accidents, incendies etc. dont l’artiste révèle le potentiel esthétique, la capacité à stimuler l’imaginaire et à influer notre relation au monde. Un questionnement sur le pouvoir et le statut des images, l’éternel retour du « mal » (rien n’est daté) etc. Le contraste est total avec « Second sex war zone », animation érotique de Sidsel Meineche Hansen, projetée dans une autre salle.
https://www.balcanicaucaso.org/…/Bosnia-Erzegovina…

Bolortuvshin Jargalsaikhan raped 2016_Pavillon Mongolie_chiesa della Pietà_lost in tingri_Venise_25 aout 2017 
Enkhtaivan Ochirbat_karma 2013_ chiesa della Pietà_Venise_25 aout 2017
« Raped », de Bolortuvshin Jargalsaikhan, Istituto provinciale di santa Maria della Pietà (2016, Mongolie), réaction face à la dévastation environnementale et à la pollution en Mongolie, est tout à la fois captivante et profondément angoissante. La partition inlassable de l’image symbolisant le viol de la nature par l’homme peut en effet incarner toute forme de rupture ou de déchirure. A noter également l’implacable “I’m bird” de Chimeddorj Shagdarjar, longue file d’échassiers comme en marche vers un futur meilleur mais constitués de fusils au canon recourbé, et « Karma », de Enkhtaivan Ochirbat, métaphore amère de la fragilité du pouvoir incarné par une chaise instable placée sur un sol désertique, qui interroge notre action sur l’environnement.
http://www.artslife.com/…/arte-e-sciamanesimo-il…/
San Marino, Zimbabwe, Azerbaïjan, Maurice

Le Palazzo Rota Ivancich accueille une admirable exposition du sculpteur taïwanais Lee Kuang-Yu (special project of the San Marino pavilion), « to have and have not » en référence notamment à Hemingway, marqué par le cubisme et Henry Moore et les traditions bouddiste et taoïste (ainsi le taureau qui ouvre le parcours renvoie à Yamäntaka dans le bouddhisme tibétain, littéralement destructeur de la mort). Un travail remarquable par le vide rendant certaines œuvres éthérées et en expansion dans l’espace alentours, perdant parfois le regard en plaçant l’intérieur de la sculpture à l’extérieur. La déconstruction comme innovation.

Du pavillon du Zimbabwe (Istituto provinciale di santa Maria della Pietà), on peut retenir le travail de Dana Whabira, interrogation sur le pouvoir, la violence, la frontière… Ainsi, « Black sunlight », hommage à un poète zimbabwéen disparu, s’intéresse au langage à l’époque coloniale, non comme moyen d’échange mais de contrôle. Les peintures de Charles Bhehe s’interrogent sur l’identité et le risque de perte de soi dans le virtuel tandis qu’Admire Kamudzengerere sonde le masculin à travers force portraits.
A noter enfin l’installation du collectif Hypnotica au palazzo Lezze (Azerbaïjan), « Unity », « récits vidéos » d’Azerbaïdjanais dont le discours transformé en lettres s’échappe du mur pour onduler au sol et envahir de mots la silhouette anonyme d’un homme, métaphore -peu crédible- d’un pays innervé par les cultures plurielles qui le compose ? ainsi que de belles pièces de Rauschenberg, transferts photographiques dans du pigment et du colorant végétal, dans le pavillon de l’île Maurice, sorte de recréation de l’Eden du « Gondwanaland », super-continent préhistorique à l’origine de l’Afrique, l’Amérique du Sud, l‘Antarctique, l’Inde et l’Australie (Istituto provinciale di santa Maria della Pietà)




























