
Des écoles florentine et bolognaise, assez peu représentées, je retiendrai une œuvre majeure de Bronzino, le portrait d’Andrea Doria en Neptune (1545-46), commandé par Paolo Giovio pour sa collection, qui dépeint le condottiere génois, commandant des flottes vénitiennes, papales et impériales contre les Turcs nu, en Dieu de la mer, son intimité dissimulée par la voile du navire, tenant le trident dans la main droite ; un admirable Christ et la Samaritaine au puits d’Annibale Carracci (1594-95) dans un paysage idéalisé et Saint Pierre et Saint Paul de Guido Reni (1603-04), représentation d’un thème pénitentiel dans l’esprit de la réforme catholique.
Bronzino, ritratto di Andrea Doria come Nettuno, 1545 46 Annibale Carracci, Cristo e la samaritana al pozzo, 1594 95
Si l’influence du Caravaggio se ressent dans le raccourci audacieux de la main de saint Pierre, le puissant contraste entre la violence et la beauté des couleurs des drapés et un paysage sombre avec le château saint-Ange, à l’arrière-plan, la monumentalité des figures, la clarté de la composition tend davantage vers les Carracci.
Conçu pour les maisons milanaises des Panigarola, chancelier du duc de Milan et de Gaspare Visconti, poète et conseiller ducal, les fresques des Hommes d’armes réalisées par Bramante constituent un ensemble remarquable de l’école romaine de la fin du Quattrocento, dont la vitalité des figures, la monumentalité et la théâtralité sont accentuées par l’architecture fictive à l’antique qui lui tient lieu de cadre, une perspective singulière liée au placement original des fresques, en hauteur, et un traitement quelque peu parodique.
Salvator Rosa, Madonna del Suffragio (détail) Simon Vouet, ritratto di giovane donna, 1620 21
Sont par ailleurs dignes d’intérêt la Madonna del Suffragio (1661-62) de Savator Rosa, peintre napolitain qui travailla à Rome, scène des plus dramatiques et animées réalisée pour san Giovanni Decollato alle Case Rotte de Milan ; ainsi que le Christ en croix entre saint Eusèbe, saint Philippe Néri et Marie Madeleine de Pierre Subleyras, peintre français qui travailla également à Rome (1744), réalisé pour l’église de Santi Cosma e Damiano de Milan et emblématique du classicisme français par son austérité, la solennité de la composition, la monumentalité des personnages. A noter également un admirable portrait de jeune femme de Vouet, autre peintre français présent à Rome, de 1620-21, fortement marqué alors par la peinture vénitienne du XVIe siècle.
Girolamo Mazzola Bedoli, ritratto di frate in veste di san Tommaso d’Aquino, 1550 52 Correggio, adorazione dei magi, 1515 18
De l’école parmesane, la Brera ne détient guère, -outre un portrait surprenant de frère dominicain dépeint en saint Thomas d’Aquin de Girolamo Mazzola Bedoli (1550-52)- qu’une Nativité (1512-13) et une adoration des Mages de Correggio (1515-18), œuvres de jeunesse encore marquées par la leçon de Mantegna et Vinci. On relève toutefois un intérêt du peintre pour certaines tendances maniéristes, perceptible dans la complexité et l’instabilité des compositions et l’artificialité des postures des personnages.
Souhaitant par ailleurs ouvrir ses collections historiques à l’art moderne et contemporain –notamment suite au don de la collection Jesi, dédiée à l’art italien du XXe siècle-, la Brera accueille au fil des salles quelques toiles futuristes ainsi qu’un très bel ensemble de portraits de Modigliani (Ritratto del pittore Moisè Kisling, 1915, Testa di giovane donna, 1915) et de natures mortes et paysages de Morandi (Fiori, 1915, Natura morta, 1920, Natura morta, 1929). Si l’accrochage et la visibilité de ces œuvres laissent à désirer, la démarche n’est pas sans intérêt et se veut temporaire, la collection Jesi devant investir le Palazzo Citterio voisin.



