INSTITUT DU MONDE ARABE, Paris, Février-Juillet 2017

La collection du Sultan Al Qassemi, gérée par la fondation Barjeel aux Emirats arabes unis, est dédiée à l’art moderne et contemporain arabe. L’Institut du monde arabe lui consacre une exposition qui, en dépit de quelques installations, est marquée par la prédominance de la peinture. Le parcours se développe en deux temps : une suite de salles à la scénographie classique propose des œuvres entre figuration et abstraction (à noter les remarquables toiles de Shakir Hassan ou Chafic Abboud), modernité et spécificités culturelles, marquées souvent par une charge politique ; un espace évoquant les réserves d’un musée témoigne par ailleurs de la vocation « recherche » de cette collection.
Shakir Hassan al Said jala aidun 1983 Etel Adnan, sans titre 1963-64
Si des artistes déjà reconnus sont présents, tels que Adel Abdessemed, Kader Attia, Walead Beshty, Yto Barrada ou encore Etel Adnan, la sélection permet de belles découvertes. Ainsi, le peintre syrien Abdalla Omari présente un singulier portrait d’Obama en sans abri, Mohammed Said Baalbaki peint de fragiles architectures faites de valises et de vêtements, symboles de déracinement et de perte, Asim Abu Shakra propose des natures mortes avec le motif récurrent du cactus, symbole de ténacité en Palestine etc.
Mohammed said Baalbaki Kader Attia, demo n cracy 2010
L’installation « souterrain » d’Adel Abdessemed est quant à elle de grande qualité, suite de pupitres sur lesquels une suite de dessins se développe, décomposant chacun les gestes d’un chef d’orchestre. Il s’agit d’une métaphore de la démocratie, le rôle du chef d’orchestre étant confié aux instrumentistes de même que le pouvoir d’un chef est transféré au plus grand nombre. Par un effet de mise en abîme, le spectateur de cet ensemble s’y trouve singulièrement impliqué, étant à la fois chef d’orchestre et musiciens. L’œuvre de Kader Attia s’interroge également sur le concept de démocratie, dont l’artiste critique le caractère hégémonique et occidental aux dépens des spécificités culturelles en insérant une lettre perfide au cœur du concept.



