La collection de peintures de la fondation Bemberg, située dans le merveilleux hôtel renaissant d’Assézat, m’a semblé peut-être plus riche que celle du musée des beaux-arts de Toulouse. Elle se partage de manière étonnante entre une certaine Renaissance et les principaux courants du tournant XIX- XXe siècle (fauvisme, impressionnisme, pointillisme, Picasso, Degas, Lautrec, Vlaminck, Dufy, Bonnard…).
Les salles renaissantes se caractérisent par une place importante consacrée à la peinture vénitienne (Lotto, Tintoret, Titien, Paris Bordone, Veronese…) où j’ai particulièrement relevé un magnifique « portrait de jeune homme au bonnet noir » d’Andrea Previtali, élève de Giovanni Bellini mais également influencé par d’autres grands vénitiens contemporains (Lotto, Carpaccio…). Un portrait de trois-quart tout à la fois sobre – où le sujet en buste se détache sur un fond vert uni- et d’un grand raffinement par le traitement de la fourrure, la luminosité, la douceur, la finesse et le réalisme des traits.
Cranach, Vénus et Cupidon Patinir Joachim, st Jérôme XVe
La Renaissance du Nord est également mise en exergue avec de très belles toiles des Cranach, empreintes de sensualité et d’un certain maniérisme hérité du gothique (« Vénus et Cupidon », « les amoureux », « portrait de l’électrice de Saxe »), de François Clouet, teinté d’influences nordiques et italiennes (« portrait de Charles IX »), ou Patinir, grand initiateur de la peinture de paysage à la renaissance (« st Jérôme »).
A noter par ailleurs la présence d’une vierge à l’enfant du primitif flamand Gérard David, qui se caractérise par des volumes fermes inscrits dans un espace bien défini, des figures aux traits enfantins et délicats, un bas-relief de l’école du maniériste flamand Spranger ainsi qu’une remarquable collection de majoliques italiennes à scènes religieuses ou mythologiques et d’émaux limousins en grisaille du XVIe siècle.
Les XVIIe et XVIIIe siècles sont également représentés par quelques toiles de qualité de Van Dyck, de Hooch, un caprice architectural d’Hubert Robert, l’élégant « portrait de la comtesse Kagenek en flore » de Vigée Lebrun, des « veduta » de Canaletto etc.