La rébellion des morts de Malani

CENTRE POMPIDOU, Paris, Octobre 2017-Janvier 2018, Septembre-Novembre 2017

Nalini Malani, traces 2017 18_Malani Nalini_Centre Pompidou, Paris_17 novembre 2017

Le musée du Centre Pompidou propose une belle plongée dans l’œuvre de l’artiste indienne Nalini Malani, marquée par l’exil lors de la partition de l’Inde et du Pakistan en 1947. « La rébellion des morts » est constituée d’un ensemble de dessins muraux, tondi et polyptyques, vidéo-installations et projections, photographies solarisées et collages photographiques, convoquant l’histoire politique et la mémoire des traumas indiens, les catastrophes écologiques ou encore la place des femmes dans la société en mêlant références occidentales et indiennes. L’œuvre d’ouverture, « traces », dessin mural appelé à être progressivement effacé par le personnel du musée, évoque la mémoire et sa disparition : « non seulement le passé n’est jamais mort, mais il n’est jamais passé », « la destruction du passé est peut-être le plus grand de tous les crimes »….

Le parcours se poursuit par la remarquable projection déjà présentée dans l’exposition Paris-Delhi-Bombay en 2011, « remembering mad meg », théâtre d’ombres projetant au mur fragments de corps et mutants en une forme de danse macabre inspirée de « Margot la folle » de Bruegel l’Ancien, espoir de l’humanité contre la guerre. On retrouve plus loin ces figures hybrides en peinture, dans « Mutant B », évoquant l’impact des déchets toxiques sur l’homme. Le travail de Malani est par ailleurs nourri de références littéraires : la vidéo-installation « Hamletmachine » constituée d’écrans et d’un tapis de sel évoquant la marche du sel de Gandhi, s’inspire ainsi d’une pièce d’Heiner Müller et montre un protagoniste interprété par un danseur buto naître du sel et se diviser en 4 fragments symbolisant les castes hindoues, tandis que « the job », « sculpture vidéo » constituée d’un corps en tissu dont la tête est un moniteur, s’inspire d’une pièce de Brecht.

Le musée consacre également une salle à la donation Lee Ung-no, artiste de Corée du Sud qui s’installa en France à partir de 1960. Un travail puissant qui se caractérise par une abstraction radicale et un langage matiériste à base de papiers déchirés et collés, de sable, d’encre, d’idéogrammes, de papiers traditionnels, une écriture personnelle non sans écho avec l’art non-figuratif de son temps bien qu’il privilégie des techniques et supports propres à sa culture et que certaines peintures renvoient à la situation politique de son pays d’origine (« les foules » évoquent ainsi la répression de manifestations étudiantes en 1980).

Facebookrss
Facebookmail

Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *