L’amazone érogène de Prune Nourry

BON MARCHE, Paris, Janvier – Février 2021

Prune Nourry, amazone érogène_Bon Marché, Paris_24 janvier 2021

L’artiste plasticienne Prune Nourry revisite le mythe des amazones (évoqué par Homère, Hérodote, Virgile ou encore Platon) tout en invoquant son expérience personnelle face à un cancer du sein, ce dans l’espace vaste et complexe de l’atrium du Bon Marché. Le mythe antique est ici réduit à sa plus simple expression, un arc courbe, des flèches et une cible en forme de sein coupé rappel de la féminité des guerrières que combattirent des héros aussi glorieux qu’Achille, Héraclès, Thésée, Alexandre le Grand…comme des interventions médicales subies par l’artiste. Le sein coupé s’inspire peut-être d’une lecture étymologique erronée (a-mazos, « sans sein ») évoquée par Arctinos de Milet qui prétend que les amazones coupaient leur sein droit pour être de meilleures archères, pratique pleinement contredite par les représentations artistiques des amazones, d’autant que le tir à l’arc à cheval ne s’appuie par sur le corps du tireur et n’est donc aucunement gêné par celui-ci. Plus simplement, la cible monumentale de Nourry criblée par 889 flèches en bois symbolise le corps féminin meurtri par la maladie, ces flèches que l’on retrouve fréquemment dans l’histoire de l’art pour symboliser la peste ou tout autre fléau-punition divine blessant la « cible-sein » synecdoque du corps de la femme.

Formée à l’école Boulle, l’artiste apprécie particulièrement le bois, matériau vivant dont les cernes disent l’histoire, le vécu, comme les cicatrices d’un corps. Quoique d’une belle efficacité, l’installation monumentale de Nourry m’a semblé un peu fruste, manquant quelque peu de profondeur esthétique et de poésie.

Peuple de femmes guerrières descendant d’Arès, dieu de la guerre, et de la nymphe Harmonie. Elles se gouvernaient seules, se passant en toute chose des hommes qu’elles n’admettaient qu’à des travaux serviles et dégradants. De leur union avec des étrangers, elles ne gardaient que les enfants de sexe féminin ; et elles brûlaient le sein droit de leurs filles pour leur faciliter l’exercice de l’arc : c’est pourquoi leur nom signifie en grec « celles qui n’ont pas de sein ».

On situait le royaume des Amazones au bord de la mer Noire à l’époque où les Grecs la colonisèrent, ou bien sur les pentes caucasiennes, ou encore en Thrace ou en Scythie. Héraclès, au nombre de ses travaux, entreprit de s’emparer de la ceinture de leur reine, Hippolyte. Au cours de cette expédition, Thésée, qui avait accompagné Héraclès, enleva une Amazone, Antiope. Pour se venger, les Amazones envahirent l’Attique et marchèrent sur Athènes, mais elles furent finalement repoussées. Elles prirent part aussi à la guerre de Troie ; après la mort d’Hector, elles envoyèrent au secours de Priam un contingent commandé par leur reine Penthésilée qui périt sous les coups d’Achille.

Le combat des Amazones et des Grecs a, dans les œuvres d’art, une importance égale à celle du combat des Grecs et des Centaures, et les deux thèmes sont même souvent associés. Les Amazones, guerrières et chasseresses, étaient représentées de la même manière qu’Artémis, vêtues d’une robe légère à taille haute adaptée à la course. Détail curieux : sur les vases peints d’époque tardive, elles sont souvent habillées à la mode perse.

https://www.universalis.fr/encyclopedie/amazones-mythologie/, consulté le 27 avril 2021

L’amazone érogène est présentée jusqu’au 21 février.

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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