FONDATION CARTIER, Paris, Mars-Juin 2015

A voir impérativement !!! Bruce Nauman à la fondation Cartier : 6 installations / video-installations / video-performance investissent l’ensemble de l’espace conçu par Jean Nouvel, la première exposition majeure de l’artiste à Paris depuis quinze ans.
Quelques pièces sont particulièrement remarquables :
« Anthro-socio », oeuvre de 1991 performée par Rinde Eckert, artiste performer formé au chant classique qui répète sur chacun des trois écrans vidéo « Feed me, Eat me, Anthropology », « Help me, Hurt me, Sociology », « Feed me, Eat me, Hurt me ». Nauman y évoque les « états de frustration et d’anxiété liés à la condition humaine : incertitude morale, dépendance, violence, tension sexuelle… » Une oeuvre incroyablement puissante malgré l’économie relative de moyens (focalisation sur le visage de l’acteur, parfois simplement inversé, sans autre apparat…), qui nous confronte au désir d’entrer en relation.
« Untitled », créée en 1970 pour la Biennale de Tokyo et réactivée en 2009 pour la Biennale de Venise est une oeuvre des plus poétiques et fascinante sur l’écoulement du temps, constituée d’une double projection de la même image (écran et tapis au sol). Le corps de deux danseuses professionnelles y joue le rôle des aiguilles d’une montre, tournant, jusqu’à épuisement, dans le sens des aiguilles sur l’image d’un cadran d’horloge dont le centre est leurs mains entrelacées. Parfois l’image bascule et au mouvement des corps s’ajoute celui, légèrement décalé, du tapis. Au fur et à mesure la chorégraphie se dégrade, la vidéo projetée ne suit plus parfaitement les lignes du tapis, les corps sortent du cadre, réflexion sur les limites de l’homme et en quelque sorte l’impossibilité de l’automatiser totalement. Le corps comme sculpture vivante…
Dans Pencil lift/Mr Rogers, oeuvre de 2013 réalisée dans l’atelier de l’artiste avec la participation (!) de son chat Mr Rogers, Nauman travaille sur la tension, l’équilibre, la gestuelle, il interroge l’espace entre les choses, l’intégration de l’illusion dans le réel…
Un travail inclassable, entre performance, art conceptuel et art minimal, explorant le corps, le langage et la performance en impliquant physiquement et émotionnellement les spectateurs.
















