PHILHARMONIE DE PARIS, Octobre 2016-Janvier 2017

Après Bowie et le Velvet Underground, « retour aux sources » à la Philharmonie avec une exposition consacrée au mythe beethovénien. Le titre est important : bien que l’exposition soit l’occasion d’une remarquable et délectable plongée dans quelques-unes des oeuvres majeures de Ludwig van, elle se consacre, sur le plan plastique, principalement à la « figure » du maître. Les déclinaisons de son portrait, -depuis le masque funéraire pris par ses contemporains à son chevet en 1827 jusqu’aux interprétations torturées d’Arnulf Rainer, en passant par une multitude de bustes aux styles des plus variés et puissants, de Bourdelle à Lüpertz, en passant par Rodin et un remarquable buste de jade de Zhongtian Shao- envahissent l’ensemble des espaces d’exposition, comme une incarnation du génie et de la souffrance inlassablement réinterprétée.
En dépit de quelques tentatives contemporaines tout à fait remarquables, telles que la superbe video de Nam June Paik, « Beethoven, klavierkonzert n°4 », la « Beethoven’s trumpet opus 131 » de John Baldessari ou encore « struggling to hear » d’Idris Khan, c’est comme si les artistes scrutaient encore et encore les traits pourtant muets du maître à défaut de pouvoir rendre compte de la puissance de sa musique. Se dessine alors un « portrait moral » de Beethoven, celle du compositeur souffrant, solitaire et marginal bien que celui-ci ait souhaité une carrière officielle, portrait moral qui conditionne le physique même de l’artiste dont on accentue la mélancolie, une certaine laideur, un regard violemment introspectif…
L’exposition propose de belles incursions dans l’histoire du cinéma où la musique de Beethoven intervient souvent pour souligner des séquences clefs ou exprimer le ressenti des personnages : « Orange mécanique » de Kubrick, « Mort à Venise » de Visconti, « Elephant » de Gus van Sant etc. Il en est de même dans la littérature ou la philosophie où la fortune de Beethoven est importante, qu’il s’agisse de textes d’Hugo, de Gide, de Schopenhauer.

Juan Gyenes 2016 
Margaret Bourke-White-La Chambre natale de Beethoven à Bonn 1945
Par ailleurs, la dimension politique de certaines oeuvres du maître est évoquée de façon éloquente, notamment à travers les multiples récupérations de la neuvième symphonie au fil de l’histoire, de l’interprétation voulue par les nazis aux jeux olympiques de 1936 à la définition de l’Ode à la joie comme hymne européen ou encore à l’interprétation de la symphonie héroïque en hommage aux victimes des attentats du 13/11/2015. Une exposition à écouter plus qu’à contempler, assez érudite sur le plan musical en ce qu’elle propose maintes déclinaisons de motifs beethovéniens par des compositeurs contemporains ou ultérieurs : Brahms, Chostakovitch, Schumann, Liszt, Mahler…jusqu’aux réinterprétations rock ou techno de la cosa nostra klub https://www.youtube.com/watch?v=1hEu5-9JEWE, ou ara.













