L'Empire de Huang Yong Ping - L'instant artistique

GRAND PALAIS, Paris, Mai-Juin 2016

Monumenta Huang Yong Ping_grand palais_15 mai 2016

Entre Orient et Occident, l’installation de Huang Yong Ping pour Monumenta au Grand palais est constituée d’une montagne de conteneurs, -métaphore de l' »empire unique » selon les dires de l’artiste, que représente la mondialisation, symbole aussi de la puissance commerciale de la Chine qui compte huit des plus grands ports mondiaux-, sur lequel glisse un immense serpent de 250m de long en fonte d’aluminium dont les vertèbres font plastiquement écho aux nervures de la verrière et une version colossale du tricorne porté par Napoléon à la bataille d’Eylau, métaphore de la volonté de puissance, posé sur un arc de triomphe contemporain.

Le serpent se fait menaçant tandis que sa forme, en boucle, renvoie au temps cyclique, alternance de gloire et de destruction. Porteur d’une mythologie riche et diverse, il est aussi, par sa mue, métaphore de la transformation . « »Certains relient mes serpents à une notion de mort, moi, j’y vois le mouvement, la perpétuation d’un cycle », déclare Huang Yong Ping. Pour l’artiste, l’animal ne répond pas à un questionnement écologique ou anthropomorphique mais permet de révéler « des tensions géopolitiques, des paradoxes culturels »…

Une oeuvre polysémique des plus intéressantes à défaut d’être particulièrement esthétique. Un port échoué en plein Paris, surmonté d’un reptile hostile et dont le coeur est l’emblème de l’Empire…allégorie de la succession des pouvoirs, de la fragilité de tout empire, y compris l’empire économique actuel, allégorie également de la circulation des énergies.
L’artiste est aussi bien nourri des avants-gardes occidentales que de peinture traditionnelle chinoise si bien que l’on peut aussi voir « Empires » comme un paysage de montagnes, vallées et brumes constitué par les conteneurs, le vide et les ondulations du serpent…cela dit il faut beaucoup d’imagination lol.