Les collections de l’Académie des Beaux-arts, Wien

Le palais Lobkowitz, l’un des plus anciens palais viennois, construit au XVIIe siècle par Giovanni Pietro Tencala et où Beethoven se produisit régulièrement -d’où la salle au décor baroque qui porte le nom de l’une de ses symphonies (Eroica)-, musée du théâtre, accueille temporairement les collections de l’Académie des Beaux-arts. Ces-dernières recèlent l’admirable triptyque du Jugement dernier de Jérôme Bosch, ainsi qu’un bel ensemble de toiles de Cranach, des esquisses d’une admirable spontanéité de Rubens ou Van Dyck, une impressionnante élévation de la croix de Magnasco, œuvre de dévotion marquée par l’imaginaire fantaisiste et quelque peu morbide de l’artiste, d’une redoutable dynamique.

L’œuvre de Bosch est actuellement en dialogue avec « Visions of the Last Judgment », vaste dessin chargé de références (Hermann Nitsch, Günter Brus ainsi que des personnages de séries télévisées, mêlant ainsi avec humour histoire de l’art et culture populaire dans un désir de franchir les frontières culturelles et sociales, réalisé par Agathe Pitié, jeune artiste issue des beaux-arts de Paris (ateliers Rochette et Alberola).

Le triptyque du Jugement Dernier, réalisé vers 1500 et dans les collections de l’archiduc Léopold-Guillaume au XVIIe siècle, se lit de gauche à droite, avec, sur le panneau de gauche, l’expulsion des anges rebelles du Paradis, la création d’Eve, la Chute et le premier couple chassé du Paradis par l’archange Gabriel. Au centre, l’artiste dépeint le Christ et les apôtres, flanqué de la Vierge et st Jean Baptiste, surmontant la majorité de l’Humanité subissant la punition de leurs péchés tandis que les rares élus atteindront le Paradis signifié par la lumière en haut à gauche. C’est l’occasion d’une accumulation de scènes de tortures où des figures démoniaques et hybrides délivrent aux pécheurs les tourments en rapport avec leur péché (un homme atteint du péché de gourmandise est ainsi représenté nu contraint par un diable rouge à boire un liquide qui évoque l’urine, un couteau monumental évoque le péché de la colère etc.). Le panneau de droite est la poursuite des tourments des pécheurs en Enfer dans une atmosphère oppressante, apocalyptique, un paysage sombre ponctué de flammes. Au revers du triptyque, on relève de très belles grisailles –lesquelles ne rendent que plus époustouflantes les couleurs des panneaux à l’ouverture du retable- représentant probablement Jacques le majeur, disciple du Christ, et Hippolyte, Père de l’Eglise mort écartelé.

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