GRAND PALAIS, Paris, Mars-Juillet 2017

Le grand palais consacre une exposition à la thématique du jardin. Si le parcours recèle des documents majeurs de l’histoire de l’art des jardins, de l’édition de 1545 de « l’hypnerotomachie » de Colonna (thème de la dernière nuit blanche), ouvrage qui inspira de nombreux jardins de la Renaissance, notamment leurs fontaines, topiaires et fabriques, à « la théorie et pratique du jardinage » de Dezallier d’Argenville, ou encore au « traité du jardinage » de 1638 de Jacques Boyceau de la Barauderie, sans oublier une très belle galerie de plans de jardins historiques, il n’en demeure pas moins qu’il ne s’agit pas d’une histoire de l’art des jardins, ce que l’on peut regretter.
L’ambition des commissaires Laurent Le Bon, Marc Jeanson et Coline Zellal est plutôt de proposer une « promenade jardiniste » en trois temps : le vocabulaire des jardins (terre, botanique etc.), l’élaboration du jardin (le jardinier et ses outils, les dessins et plans de jardins) et les représentations artistiques du jardin, soit un discours entre botanique et construction artistique centré sur le jardin réel, ni littéraire, ni symbolique, ni philosophique. Ainsi, il n’est aucunement fait état de la symbolique pourtant passionnante du jardin comme microcosme (si l’on songe par exemple au jardin à la française, « miroir de l’infini » selon S Weiss). Par ailleurs, le propos est fortement centré sur la France, malgré quelques incursions européennes et néglige fortement tant les périodes antiques et médiévales (et le thème de l’hortus conclusus) que la tradition orientale du jardin -qui n’est pourtant pas sans impact sur l’Europe du XVIIIe siècle si l’on songe aux jardins anglo-chinois-, le jardin arabe, le jardin zen japonais ou encore les liens entre jardin et architecture, entre jardin et sculpture (la place de la statuaire dans les jardins, l’art topiaire) etc.

Penone, verde del bosco con camicia, 1984 
Patrick Neu, iris
Le résultat est un propos assez pauvre même s’il est ponctué d’œuvres de grande qualité et que le choix d’un parcours thématique, mêlant œuvres contemporaines et anciennes dès l’entrée de l’exposition qui confronte une fresque de Pompéi, une œuvre de Dürer et des pièces de Giuseppe Penone, est intéressant.

Caillebotte, 1893 
Edouard Vuillard, le jardin hivernal au paon, 1939 40
J’ai particulièrement retenu de très belles toiles de Bonnard, Vuillard, Caillebotte, Cézanne, Watteau, Constable, Nolde, Rigaud sans oublier les merveilleux panneaux de Giusto Utens (XVIe) sur les villas médicéennes de Pratolino et Castello ou des pièces plus contemporaines de Wolfgang Laib, Penone, Ellsworth Kelly, Eric Poitevin, Marc Couturier, Patrick Neu, Tillmans, Richter, jusqu’à une ouverture un peu hors sujet sur le Land art avec Richard Long.
































