GALERIE PUTMAN, Paris, Mars – Mai 2019
GALERIE POGGI, Paris, Mars – Mai 2019

La photographe Sophie Ristelhueber est à l’honneur en ce début de printemps dans les galeries du Marais à travers une double exposition : « les orphelins », galerie Putman ; « Sunset years », galerie Poggi où elle poursuit son remarquable travail sur la trace, la mémoire au travers d’une série de paysages photographiques blessés –ce qu’elle nomme des « cicatrices dans le paysage », non plus par la guerre mais par l’homme et son impact sur la planète, sur la nature.
L’exposition galerie Poggi m’a semblé la plus forte plastiquement et la plus emblématique. Elle propose un dialogue singulièrement efficace entre les paysages à la dérive, désertés, crevassés, asséchés, de la mer Morte, vus du ciel, et des détails de trottoirs parisiens soigneusement choisis pour leurs boursouflures, effets du soleil et du sous-sol sur le bitume, « bubons » que l’artiste met en exergue en les arrosant, geste tout à la fois utile à la prise de vue et symbolique au regard des terres assoiffées du Proche Orient. Des photographies qui donnent à penser tout en se démarquant par leur qualité esthétique, la maîtrise de la lumière, la délicatesse des couleurs.
Même attention au détail, même goût pour la perturbation des rapports d’échelles, galerie Putman, mais des détails relevant davantage de l’intime et du quotidien (détail d’un tuyau, de deux interrupteurs, d’un mur fissuré…), -ainsi que d’un questionnement sur le langage et son impuissance- que du territoire.




