GALERIE KAMEL MENNOUR, Paris, Février – Avril 2019 ; Mars – Avril 2019

La galerie Kamel Mennour accueille un bel ensemble d’encres et d’aquarelles de Zao Wou-ki, prolongement tout à fait pertinent de l’exposition du musée d’art moderne de Paris, et produit sur plus de cinquante ans, depuis l’installation du peintre à Paris (1948) jusqu’à la dernière décennie (années 2000). Il témoigne de sa rencontre avec l’art occidental (copies d’après Rembrandt) et de la définition progressive de son œuvre, entre abstraction et observation attentive, ancrage dans le réel,dont témoignent les délicates silhouettes qui affleurent sur le paravent à l’encre de chine de 2005, les floraisons aquarellées et colorées…
D’emblée, en dépit des formats souvent plus réduits que ceux de ses peintures, s’amorce un équilibre délicat entre les vides et les pleins, les touches de noirs investissant discrètement le fond blanc, non sans résonances avec l’héritage pictural et spirituel chinois. L’assimilation apaisée d’un double héritage, occidental et chinois, s’affirme avec le retour de l’artiste à l’encre, à partir des années 70. « [Le Vide] n’est pas, comme on pourrait le supposer, quelque chose de vague ou d’inexistant, mais un élément éminemment dynamique et agissant. Lié à l’idée des souffles vitaux et du principe d’alternance Yin-Yang, il constitue le lieu par excellence où s’opèrent les transformations, où le Plein serait à même d’atteindre la vraie plénitude » (François Cheng).
https://kamelmennour.com/exhibitions/inks-and-watercolours-1948-2009
Le second espace de la galerie accueille « activations » de l’artiste marocain Hicham Berrada qui donne à voir des formes de vie inattendues, entre science et art, démarche expérimentale et maîtrise du milieu (température, lumière, réactions chimiques…). Des bronzes de la série « Kéromancie » -soit la lecture de l’avenir à partir de formes prises par la cire chaude jetée dans l’eau, dont Berrada tente de maîtriser le développement formel et qu’il coule ensuite dans le bronze-, que l’on retrouvera dans l’exposition « la fabrique du vivant » en cours au centre Pompidou, ouvrent l’exposition tandis que l’espace principal propose une vidéo où l’artiste filme des minéraux dans un bocal aux prises de diverses réactions chimiques, témoignant d’une certaine animation de matières habituellement considérées comme inertes parce leur temporalité diffère de la nôtre. Il en émane des paysages surprenants, évoquant des architectures, des formes végétales…Une autre pièce, blanche, de la série des augures mathématiques qui découle d’une combinaison d’algorithmes de morphogénèse, surplombe une cimaise. Une forme tout à la fois rigoureusement géométrique et quelque peu chaotique, organique et poétique…
https://kamelmennour.com/exhibitions/activations








