CENTRE POMPIDOU, Paris, Avril-Août 2016

« Paul Klee, l’ironie à l’oeuvre » : une exposition qui regarde l’oeuvre de Klee sous l’angle de l’ironie, une ironie définie au sens romantique comme une « faille dans le système », « des procédés de renversement pour dépasser sa situation limitée dans un monde fini », une façon de dénoncer les normes établies par ses contemporains. De même que l’ironie romantique se situe entre autocréation et autodestruction, de même certaines créations de Klee trouvent paradoxalement leur origine dans la destruction, lorsqu’il découpe ses compositions en plusieurs parties devenant autant d’oeuvres autonomes ou recombinées sur un autre support. Quant à la contestation des normes, elle se retrouve face aux mouvements artistiques contemporains, cubisme, constructivisme dont il prend des éléments formels tout en renversant leur rigidité.
Des découvertes intéressantes alors qu’on résume souvent le travail de l’artiste à ses abstractions cernées de noir qui relèvent en réalité de la fin de sa carrière. Je passe sur l’oeuvre graphique très représentée dans l’exposition et qui ne m’a pas semblé le plus captivant, de même que ce qui relève, dans ses sujets, d’un « art de l’enfance ». En revanche, de très belles aquarelles de la période qui suit sa découverte du cubisme ainsi que de la période Bauhaus-constructivisme, une confrontation intéressante avec Picasso et de belles pièces marquées par l’influence de l’art rupestre.
La dernière partie de l’exposition se penche quant à elle sur l’oeuvre produite par l’artiste dans une double période de crise avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir et l’exil qui s’en suivit pour Klee ainsi qu’une crise plus intime, une maladie qui raidissait lentement ses gestes : des toiles marquées par l’angoisse, la peur, la violence.



