MAISON ROUGE, Paris, Juin-Septembre 2017

La maison rouge expose Hélène Delprat, dont la carrière est marquée par une rupture en 1995, rupture avec sa galerie (Maeght), rupture technique en ce que la peintre va se tourner de plus en plus vers la vidéo -où elle se met habituellement en scène, déguisée-, l’installation, le théâtre. Il s’agit néanmoins toujours du même univers très étrange, nourri de références littéraires, mythologiques, philosophiques, artistiques, cinématographiques -dont elle s’approprie parfois des scènes et détourne les techniques- mais aussi populaires, sans crainte du mélange des genres ou d’hésiter parfois entre ornement et récit, humour et grotesque. On songe aux danses macabres, au roman gothique, à Molière, à Flaubert, aux vases antiques, à Redon, Gainsborough, Pollock, Barnett Newman, Wilde, Homère, Hésiode, Shakespeare…
L’exposition se concentre sur la seconde partie de cet œuvre et se caractérise par une scénographie puissante -l’artiste ayant fait appel au décorateur de cinéma Benoît Pfauwadel pour véritablement mettre en scène ses œuvres- mais au propos absent (en l’absence de petit journal pourtant nécessaire et souvent pertinent, aucun discours pour éclairer et approfondir les œuvres, c’est dommage car une exposition est aussi l’acte d’un commissaire, un espace de diffusion de savoir sur l’oeuvre). Les œuvres les plus fortes à mes yeux sont consacrées à la réflexion de l’artiste sur la mort, par la vidéo, dans « comment j’ai inventé Versailles » où l’artiste évoque la mort de Louis XIV qu’elle parodie avec perruque, squelette d’une robe à panier et « petits pas », et plus encore dans « Le chant du guerrier couvert de cendres (2006) « , où l’on songe immédiatement à Dante : construction en chants, référence permanente aux Enfers et à la mort même si l’artiste se réfère plus directement au « Dialogue des morts » de Lucien de Samosate, et au « Chant XI » de l’Odyssée (Homère). Le propos est complexe, l’image, puissante, alternant le cheminement vers un inconnu sombre, le questionnement par associations d’idées (mort- dead, mort aux rats_rat poison etc.) ou interventions (Deleuze, Beckett…), les ombres…Un travail qui donne à penser sinon à admirer…
A voir également l’exposition Inextricabilia, qui rapproche des œuvres de toutes origines, de toute nature (artistiques, symboliques, rituelles…) se rejoignant par leur processus de création, leurs techniques et leurs matériaux (lier, coudre, nouer, entrelacer des fibres), parfois entre attraction et répulsion. A voir impérativement ne serait-ce que pour la merveilleuse pièce « mes voeux sous filet » 1997-99 d’Annette Messager. Jusqu’au 17/9




















