Paris, divers lieux, 6 Octobre 2018
De retour d’une longue et douce nuit blanche 2018…à croire que l’automne est encore à venir. Du côté des œuvres, je préfère décidément les propositions en plein air car l’affluence était beaucoup trop dissuasive au collège des Bernardins, au petit palais ou encore dans le sous-sol de l’esplanade des Invalides, j’ai préféré renoncer. Pas de grandes émotions esthétiques mais quelques belles rencontres au détour des rues. J’ai tout de même relevé une tendance croissante au spectaculaire, aux jeux de lumière et de sons (« Physis » du collectif Scale sur l’esplanade des Invalides a plus des allures de dance floor que d’installation artistique, d’autant que 3 DJs de la scène électronique scandinave étaient aux manettes) -certes particulièrement efficaces dans l’obscurité ambiante- aux dépens d’œuvres plus complexes et émouvantes.

atelier athem, atelier Cruz diez et art team paris_la Villette_6 octobre 2018 

Tremenss wardenclyffe_la Villette géode_6 octobre 2018
Le site de la Villette méritait le détour cette année. Sur la façade de la cité de la musique, une vaste projection des ateliers Athem, Cruz Diez et Art team Paris nous accueille, fantasmagorie inspirée du « Finnegans Wake » de Joyce. Près de la Géode, « Geysa » de Fabien Laustic investit un bassin, entre science et art. Un geyser d’eau et d’argile rouge s’élève à quelque 20 mètres de haut et retombe à intervalles réguliers, comme la métaphore d’une catastrophe planétaire annoncée.
L’artiste et ingénieur TremensS transforme quant à lui la géode en une gigantesque bobine Tesla et évoque la tour Wardenclyffe, laboratoire inachevé de l’inventeur. D’une programmation logicielle générative en temps réelle naît comme une tempête magnétique faite de brouillards, de grésillements, d’arcs électriques des plus hypnotiques.
Aux alentours de l’Hôtel de Ville, « Soulèvement » d’Ugo Schiavi n’est pas sans efficacité visuelle et esthétique. Le sculpteur détourne le Génie de la Liberté, allégorie du « triomphe de la République » de la place de la nation réalisée par Jean Dalou en 1899. Il en retient le geste ascensionnel, entre l’évocation de la statue de la Liberté de Bartholdi et le geste d’un manifestant jetant un cocktail Molotov comme pour signifier que le réel se construit par télescopage et anachronisme. Une œuvre fragmentaire, invoquant tout autant l’insurrection que la ruine.

Flo Arnold, le secret des signes_église st Paul st Louis 
Daniel Van de Velde_église st Merri 
Julian Olariu, mémoire de lumière_cloitre de billettes
Flo Arnold déploie elle une pièce d’une grande poésie, « le secret des signes », dans l’église st Paul st Louis, comme un nuage organique de voiles, lumineux, délicat et d’une belle volupté. A quelques kilomètres de là, une autre église, st Merry, est le siège de « danse avec les arbres », installation de Daniel Van de Velde. Le sculpteur a segmenté et évidé quinze arbres abattus par une tempête dont il n’a conservé que les derniers cernes de croissance. Des arbres de multiples essences : pin, aulne, érable, marronnier, noyer, platane, frêne… qu’il a suspendus ou déposés dans l’admirable nef de st Merry en une chorégraphie surprenante. Le cloître des billettes accueille quant à lui une installation de Julian Olariu, « mémoire de lumière ». Des fragments de vie pouvant constituer, aux dires de l’artiste, comme une carte mémoire de la Terre. La lumière est également à l’œuvre dans l’église saint-Eustache qui réunit un groupe d’étudiants de l’ENSAD sur le motif de « corps de lumière, exil » ou de la matière à la lumière.






















