CHATEAU ET JARDINS, Versailles, Juin-Octobre 2016

L’artiste danois Olafur Eliasson investit le domaine de Versailles. Un ensemble d’interventions dans le parc et le château : dans le premier, les oeuvres abordent la thématique de l’eau sous ses différentes formes, brume dans « Fog assembly », glacier dans « glacial rock », cascade dans « waterfall » ; dans le second, les oeuvres travaillent la thématique du miroir. A quelques exceptions près, la plupart des oeuvres se révèlent très discrètement insérées dans cet écrin prestigieux, peut-être un peu trop. « Fog assembly » ne parvient pas véritablement à transformer, à brouiller, le paysage alentours du bosquet de l’étoile, tandis que « glacial rock », qui reprend l’idée de l’oeuvre, « Ice watch », déployée au Panthéon pendant la Cop21 (12 blocs de glacier du Groenland dispersés sur la place sous la forme d’un cadran), a plus des allures de sol désertique investissant la fontaine centrale du bosquet de la colonnade que de sol glaciaire, bien que réalisé à partir de moraines du Groenland.
L’oeuvre la plus impressionnante des jardins demeure cette cascade magistrale qui prend naissance et s’alimente du grand canal, inspirée a priori d’une idée de Le Nôtre non réalisée. Une oeuvre assez hypnotique, comme l’inversion de « descension » d’Anish Kapoor, prédécesseur d’Eliasson à Versailles en 2015. L’eau acheminée par de grands tubes le long d’une structure métallique se déverse en rideau de dentelle jouant avec la lumière pour chuter violemment dans le bassin.
Le cheminement se poursuit dans les salons et galeries du château : jeux de reflets, de miroirs, de perspective perturbée, de lumière à l’aide de quelques néons. « Deep mirror » est particulièrement intéressante : en apparence une vaste pastille noire en pendant d’une pastille jaune apposées sur les miroirs du château qui lorsqu’on l’observe prend l’apparence d’une éclipse, se creuse et se démultiplie en profondeur. Idée quelque peu reprise dans « solar compression », miroir creusé de néons suspendu au plafond et tournoyant lentement dans l’espace avec son rai de lumière.

« The curious museum » est à peine visible, insertion d’un miroir à l’extérieur, entre deux fenêtres du château, renvoyant les visiteurs à leur propre reflet. Quant à « your sense of unity », dans la galerie des glaces, il s’agit d’un jeu géométrique de deux miroirs sectionnés par un cercle dans lequel s’inscrit un néon et donnant lieu à nouveau à un jeu de reflets et une perturbation visuelle. Toutefois, ces oeuvres ne dialoguent que peu avec leur environnement, se contentant de le refléter au gré des mouvements des visiteurs. « Olafur transforme le décor sans pour autant le bouleverser » dit assez justement le commissaire de l’exposition, Alfred Pacquement.
« Métaphores de l’eau, diffraction de la lumière, miroirs piégés, émotions dilatées, silhouettes mouvantes, Olafur Eliasson veut que le visiteur s’empare de Versailles avec lui. Et c’est une réalité augmentée qui s’impose, une machinerie de l’imagination pas si éloignée au fond de celle qu’affectionnait le XVIIIe siècle », déclare la présidente du domaine, Catherine Pégard.
A noter que l’exposition est également l’occasion de voir de nouveaux espaces du château désormais ouverts au public…


















