GALERIE ROPAC, Paris, Février – Mars 2019
GALERIE PARTICULIERE, Paris, Février – Mars 2019

En parallèle de l’exposition consacrée aux fondateurs de l’art minimal à la galerie Ropac de Pantin, l’espace du Marais met à l’honneur une artiste américaine méconnue, dans l’orbite de Carl Andre dont elle fut l’épouse, Rosemarie Castoro. Une artiste dont la pratique, multiforme (performance, sculpture, peinture, poésie concrète, art conceptuel) se révèle tout à fait atypique et intéressante.
Malgré une approche formelle des plus épurées, un recours à des matériaux industriels et à la sérialité, Castoro se distingue de la rigueur abstraite et géométrique de ses pairs masculins en introduisant des allusions surréalistes et sexuelles dans ses œuvres -par exemple dans ses étonnants « flashers », pièces quelque peu anthropomorphes en acier noir inspirées tout à la fois de la forme d’un billet courbé et plié pour le faire tenir debout et de l’imperméable que les exhibitionnistes sexuels ouvrent (« flash ») devant de jeunes gens, ou encore en optant pour des formes quelque peu organiques.

Rosemarie Castoro, land of lashes 
En dépit de la qualité des coloris de ses premières toiles, relevée par Stella, ce sont ses réalisations ultérieures qui m’ont semblé les plus fortes, dès lors qu’elle délaisse la couleur au profit de surfaces travaillées au graphite, au début des années soixante-dix. La monochromie et le processus de création fondé sur une forme de répétition dynamique du geste se retrouvent dans ses pièces sculptées, telles que « Land of lashes » (1976), suite de cils démesurés investissant l’espace telle une compagnie d’araignées ou encore « Beaver’s trap » (1977), pièce sans doute la plus impressionnante de l’exposition, réalisée à l’aide de bois brut taillé. Malgré une conception reposant sur la géométrie – les éléments sont alignés sur le périmètre d’un carré et l’artiste dispose à un angle la pièce la plus haute, à l’opposé la plus courte-, il se dégage de l’ensemble, de par la courbure singulière de chaque pointe, une impression de fragilité et d’instabilité.
Est-ce que toutes mes préoccupations tournent autour de l’espace ? A une certaine époque, le temps était ma préoccupation principale. Maintenant, c’est l’espace. Je veux sculpter l’espace. Je sculpte l’espace.
Rosemarie Castoro, 1973
A noter également le travail d’appropriation d’Ethan Murrow, à la galerie particulière. Une série dessinée, narrative, interrogeant sa pratique, posant notamment que si la création est toujours quelque part une forme de récupération et d’invention, l’élaboration de nouvelles idées, de nouvelles œuvres, se faisant toujours au regard d’une culture, de références, assimilées, critiquées, dépassées, l’appropriation n’en est pas moins condamnable sur un plan éthique lorsqu’elle se cantonne au vol.



