Sandback, Moyer, Dufois…

GALERIES MARIAN GOODMAN, CEYSSON, PARTICULIERE, Paris, Septembre – Octobre 2018

Fred Sandback_galerie Goodman_8 septembre 2018

La ligne, fil d’acrylique monochrome tiré dans l’espace, semble à première vue le matériau premier de Fred Sandback, artiste qui investit actuellement la galerie Marian Goodman. Pourtant, peu à peu, en contemplant ces œuvres à peine visibles, qui ponctuent les murs, traversent l’espace, investissent un angle, chutent délicatement depuis la verrière de la galerie ou piègent discrètement l’accès à une salle voûtée, c’est plus encore l’espace architectural qui semble le matériau de l’artiste. Un espace qu’il investit avec très peu de moyens et dont il modifie la perception. Marqué par l’art minimal, Sandback déploie des formes géométriques, froides, non illusionnistes, non référencées, dans l’espace. Un art d’une épure et d’une radicalité inouïes qui ne semble exister que dans l’expérience qu’on en fait, autre héritage du minimalisme historique que d’inclure le spectateur et l’espace d’exposition dans l’œuvre.

Lorsque la ligne dessine un plan, par exemple un rectangle dressé entre le sol et le mur, nous aurons tendance à l’imaginer comme une paroi transparente, comme un écran invisible. Si bien que deux fils suffisent à donner corps au vide. D’autre part, si la forme reste ouverte, nous la complèterons mentalement, traçant d’imaginaires frontières spatiales. Dans ces labyrinthes immatériels, les aptitudes ambulatoires, visuelles et imaginatives du spectateur se trouvent donc sans cesse sollicitées.

Valérie Mavridorakis, Fred Sandback ou Le Fil d’Occam, Bruxelles : La Lettre Volée, 1998
Reliques_galerie Ceysson_8 septembre 2018

Tradition minimaliste également, mais avec moins de force et de radicalité, dans le travail de Sam Moyer, artiste américain participant de l’exposition « Reliques » à la galerie Ceysson et Bénétière. Moyer crée des toiles aux allures sculpturales, faites d’assemblages de marbres récupérés ça et là et de peinture. Il en résulte des formes abstraites et géométriques mais relevant aussi de l’histoire du ready-made et d’un certain savoir-faire.

A noter enfin un intéressant dialogue entre les photographies et dessins à la pierre noire de Mathieu Dufois réalisés lors d’une résidence dans la vallée de la Vézère et interrogeant la représentation préhistorique de l’animal, en particulière l’auroch, et les sculptures de plumes de Kate Mccgwire à la galerie particulière. De l’étrange et du primal non dénué d’une certaine qualité esthétique.

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Author: Instant artistique

Conservateur de bibliothèque. Diplômée en Histoire et histoire de l'art à l'Université Paris I et Paris IV Panthéon-Sorbonne. Classes Préparatoires Chartes, École du Patrimoine, Agrégation Histoire. Auteur des textes et de l'essentiel des photographies de l'Instant artistique, regard personnel, documenté et passionné sur l'Art, son Histoire, ses actualités.

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