MUSEE DU LOUVRE, Paris, Février-Mai 2017

Le XVIIe siècle est à l’honneur au musée du Louvre. Outre l’exposition consacrée à Vermeer et la peinture de genre, le musée consacre une exposition au peintre caravagesque français -qui fit toutefois toute sa carrière à Rome- Valentin de Boulogne et propose une exposition sur le dessin de scène de genre du siècle d’or et la collection Leiden, l’un des plus importants ensembles privés de toiles de Rembrandt.
L’exposition « Valentin de Boulogne, réinventer Caravage », se veut strictement monographique et réunit un ensemble conséquent de toiles de l’artiste. Elle entend montrer une certaine évolution d’un caravagisme assez ténébreux à un certain classicisme marqué par l’influence bolognaise (les Carrache) et vénitienne, dont l’acmé est sans doute la commande réalisée pour la basilique saint Pierre du « martyre des saints Procès et Martinien », non sans références au « Martyre de st Erasme » de Poussin situé dans l’autel voisin (les deux retables alimentèrent d’ailleurs le débat entre naturalisme, célébrant la couleur, et classicisme, fondé sur le dessin).
Cet « épuisement » progressif et relatif d’une tendance dynamique, brutale, d’un naturalisme dramatique caractérisé par de violents contrastes de couleurs et de lumière et des cadrages resserrés, au profit d’un certain idéalisme (noblesse des gestes, ampleur des compositions, concentration des expressions…) se retrouve chez d’autres artistes français tels que Vouet, Bourdon etc. Toutefois, elle surprend davantage chez un artiste mort en 1632 et donc en plein mouvement caravagesque.
Valentin de Boulogne, St Jean l’Evangeliste Valentin de Boulogne, Tricheurs, Dresde
L’exposition propose d’intéressants parallèles entre des œuvres de même thématique (« le christ chassant les marchands du temple », « les tricheurs », « le concert »…), témoignant de la science compositionnelle de l’artiste (dont les compositions se font de plus en plus complexes et monumentales dans les années 1620) et de sa capacité à se réapproprier et à « réinventer » les procédés et thèmes religieux ou quotidiens (scènes de taverne, tricheurs..) du Caravage.
Si les scènes de groupe sont sans doute les plus caractéristiques, Valentin se révèle particulièrement virtuose dans les quelques portraits (« portrait d’un prélat »), personnages isolés (« le joueur de luth ») ou saints qu’il dépeint (« saint Jean l’évangéliste », « saint Jean Baptiste », « saint Matthieu » etc.).
Par ailleurs, l’influence de la peinture vénitienne sur son coloris tempère la violence des clair-obscur du Caravage tandis que ses personnages sont empreints d’une mélancolie qui lui est propre.
Dans de nombreuses œuvres, ce n’est […] pas tant l’action en elle-même, avec ce qu’elle charrie de réalisme ou de pittoresque, qui semble préoccuper l’artiste, mais le sens profond de cette action. D’où, bien souvent, l’impression de suspens de l’action, mais d’un suspens qui n’est pas tant dramatique, pour susciter une sorte d’effroi ou d’empathie chez le spectateur, mais réflexif,
observe ainsi Sébastien Allard, directeur du département des peintures du Louvre, en prenant l’exemple d’une œuvre de jeunesse, « David et Goliath ». S’il s’agit d’un topos caravagesque, l’œuvre de Valentin se singularise en préférant une certaine confrontation du berger à sa finitude à la glorification du héros triomphant. Caravagisme personnel ? Evolution d’un certain naturalisme à un certain idéalisme ? Les lectures de l’œuvre peint du Valentin dont le Louvre présente un beau panorama restent ouvertes…
Rembrandt, autoportait au regard plongé dans l’ombre Rembrandt, portrait d’Anthonie Coopal, 1635
A voir également les remarquables Rembrandt (notamment « l’autoportrait au regard plongé dans l’ombre » et « le portrait d’Anthonie Coopal »), van Mieris et van Lievens de la collection Leiden…
http://www.theleidencollection.com/



