LOUVRE, Paris, Novembre 2018 – Février 2019

Le musée du Louvre consacre une exposition à la collection du marquis Giampietro Campana, forgée dans les années 1830-50 à partir, notamment, des fouilles du marquis à Rome, dans le Latium, à Véies et Cerveteri, et dispersée une décennie plus tard, après un procès retentissant pour malversations financières, entre le musée de l’Ermitage, le Louvre et les musées de province. Si le cœur de la collection est indubitablement l’art antique et tout particulièrement un époustouflant ensemble de vases grecs -le noyau de la galerie Campana du Louvre- avec des pièces telles que le « cratère d’Antée » signé par Euphronios (Athènes, 515-510 av JC), une amphore attribuée au peintre de Dikaios représentant des éphèbes (530-510 av JC), un cratère à oreillettes à figures rouges représentant Herakles allongé et un satyre attribué au peintre de Berlin (Athènes, 500-490 av JC), un stamnos à figures rouges représentant le départ de Triptolème en présence de Déméter et Coré, également attribué au peintre de Berlin (Athènes, 470 av JC) etc., il ressort de l’exposition une incroyable curiosité et diversité d’intérêt : armes, monnaies, verres moulés, soufflés ou rubanés précurseurs de la production de Murano, bijoux, fragments de fresques, sculptures en ronde bosse comme en bas-reliefs, en marbre (fragment de l’ « Ara Pacis », 13-9 av JC, monument emblématique du classicisme augustéen commémorant les campagnes victorieuses en Gaule et en Espagne et caractérisé par une grande maîtrise technique mêlant méplat et haut relief, buste d’Antinoüs du règne d’Hadrien), en bronze (l’impressionnante main issue de la statue colossale de Constantin, 330 ap JC, un admirable fragment de chimère étrusque, 500-475 av JC), comme en terre cuite (les « plaques Campana » dont un admirable « cortège bachique », 50 av-50 ap JC, le « buste d’Ariane » de Faléries, 300-200 av JC et le « sarcophage des époux », urne monumentale, chef d’œuvre de la sculpture étrusque, 520-510 av JC), Campana s’attachant à réunir des chefs-d’œuvres mais également des productions artisanales plus modestes, parfois fragmentaires ou sériels.
Par ailleurs, le marquis a également réuni un ensemble « moderne », témoignage de l’art italien des primitifs au XVIIe siècle, dont un remarquable ensemble de majoliques d’Urbino, Deruta, Castelli, Faenza avec deux pièces replacées dans leur cadre d’origine, d’une incroyable exubérance, l’impressionnante série des hommes illustres attribuée à Juste de Gand et réalisée pour le studiolo de Federico da Montefeltro d’Urbino (1473-1475), un bel ensemble de terre cuite émaillée des della Robbia, quelques chefs d’œuvres tels qu’une croix attribuée à Giotto (1315-1320), deux saints provenant probablement d’un triptyque démembré de Cosme Tura (vers 1480), « la bataille de san Romano » d’Uccello du Louvre célébrant la victoire des Florentins sur les Siennois en 1432 (vers 1438), une « vierge à l’enfant » de Botticelli (1467-1470), une « Annonciation » de Lorenzo di Credi (1480-1485), « la remise des clefs à st Pierre » de Donatello (restée à Londres), un groupe sculpté du père du Bernin (« Adam, Eve et le serpent »), des pilastres renaissants d’un grand raffinement inspiré généralement des grotesques de la Domus Aurea…La collection répond ainsi, en s’efforçant de donner une image du patrimoine culturel italien, à l’affirmation politique de l’Italie au cours du XIXe siècle et l’exposition témoigne de son impact sur ses contemporains.
Certes, l’exposition témoigne aussi de l’évolution des principes de restauration et d’authentification des oeuvres depuis le XIXe siècle : certaines pièces « modernes » ont été des-attribuées, certains antiques dé-restaurés -l’essentiel de la statuaire antique regroupée par Campana relevant par ailleurs de copies romaines d’originaux grecs tels que les admirables « statue de jeune homme » et « Aphrodite et Eros » du IIe siècle après JC-. La qualité de la plupart des oeuvres n’en est pas moins remarquable et compense un discours et une scénographie trop austères, fondés sur la structuration de la collection en 12 classes dans le catalogue rédigé par le marquis et numérisé par la Bayerische StaatsBibliothek (cataloghi del museo Campana, vers 1858, https://reader.digitale-sammlungen.de/…/bsb10221181…) :

Stamnos à figures rouges, le départ de Triptolème en présence de Déméter et Coré, Athènes, attribué au peintre de Berlin, 470 av JC 
Cratère à oreillettes à figures rouges, Herakles allongé, satyre, 500-490 av JC, Athènes, attribué au peintre de Berlin
vasi dipinti etruschi ed italo-greci ; bronzi etruschi e romani ; ori, argenti, glittica etrusca e romana ; opere in plastica o terre cotte etrusche e greche-romane et sculture etrusche ; vetri etruschi, romani e fenici ; dipinti etruschi antichissimi di cere ed affreschi greci e romani ; scultura greco-romana ; opere del risorgimento della pittura in Italia dall’epoca delle scuole bizantine fino a Raffaello ; opere de’principali maestri et capiscuola della pittura italiana dai primordi del 1500 fin quasi al 1650 ; gabinetto di pitture in majolica XV-XVIe ; sculture in majolica di Luca della Robbia e suoi contemporanei, ed un saggio di lavori di bassorilievo in marmo del Donatello e di Michel’Angelo ; oggetti diversi etruschi e romani.
https://www.lejournaldesarts.fr/…/la-collection-campana..
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65247189/f9.image
https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1998_num_2_1_1618
http://presse.louvre.fr/exposition-campana/






































