TATE BRITAIN, London, Mars – août 2019

Londres est décidément à l’heure expressionniste : outre l’exposition Munch au British Museum, la Tate Britain s’intéresse aux rapports entre Van Gogh et l’Angleterre, -lequel, âgé d’une vingtaine d’années, y séjourna trois ans-, à travers une proposition des plus pertinentes de par la qualité des œuvres sélectionnées, la mise en exergue de certains aspects du processus créatif de l’artiste (influence de l’illustration et de la gravure – black and white-, de l’art mais aussi de la littérature britanniques sur lui), l’ouverture sur la postérité britannique de l’artiste…depuis l’exposition « Manet and the Post-impressionnists » (Londres, 1910-1911), l’acquisition des « Tournesols » par la National Gallery en 1924, jusqu’à Bacon (« study for portrait of Van Gogh », 1957).

Hobbema, the avenue at Middelharnis, 1689 
Van Gogh, sorrow, 1882
A rebours de l’image de l’artiste maudit, atteint de folie, on découvre un Van Gogh cultivé, polyglotte, collectionneur et ouvert au monde qui l’entoure. Plusieurs peintures -dont l’étonnant « Sorrow » de 1882- témoignent de l’impact de toiles vues à Londres, et tout particulièrement « The avenue at Middelharnis », 1689, de Meindhert Hobbema, de « Chill october », 1870, du préraphaélite John Everett Millais, des nocturnes de Whistler, tandis que l’on relève l’influence de l’illustration et de la gravure, particulièrement de Doré (« excercise yard at Newgate Prison », 1872), dans « the prison courtyard », 1890, celle des « Heads of the People » et leur manière de souligner les formes et mouvements par le trait (ombres, lignes parallèles), dans des portraits peints ou gravés des années 1880-1890 (« man reading at the fireside, 1881, woman seated, 1882, portrait gravé de Gachet de 1890, Eternity’s gate, 1882 et 1890).
Parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition : plusieurs remarquables autoportraits de l’artiste de 1887 et 1889, les « Tournesols » de 1888, « la nuit étoilée » de 1889, une magnifique vue de l’Hôpital à st Rémy de 1889, « Saules au coucher du soleil », 1888, du musée d’Otterlo ou encore les merveilleux « Oliviers », 1889, de la National Gallery of Scotland. A noter par ailleurs un intéressant clin d’œil aux Tournesols : « bureau de change », de Rose Finn-Kelcey, 1987, année de la vente aux enchères de l’œuvre. L’artiste a reconstitué la toile de Van Gogh à l’aide de pièces, au sol, et nous invite à l’observer depuis un podium rappelant la vente aux enchères. Un système de surveillance est intégré à l’installation : caméra, gardien, mettant en exergue la valeur irréelle de la toile lorsqu’on sait que l’artiste ne put vivre de son art de son vivant.

















